Le Dodécaudax du Solstice de Farid

Première Partie

L’information du DDX SOLSTICE a été relayé sur Slack par Jean-bâtisse, les places étant limitées et l’événement si attendu que j’ai de suite flairé la bonne occasion, prendre une place pour ensuite, lorsque les inscriptions seraient closes, revendre ma place au prix fort.

Je regrette déjà d’avoir écrit cette phrase je ne sais combien parmi vous me traite déjà de C*******,de S******

J’ai donc gardé ma place et finalement décidé de participer à cette aventure.

Une fois les options concernant l’équipement arrêtés je pensais être prêt, mais je me suis rendu compte le jour J dans le train, que je n’avais pas du tout pensé à emmagasiner un peu de sommeil. Couché tard la veille, levé tôt le matin, pas de sieste, ça allait être compliqué le sommeil, mais finalement ça se passera très bien.

À la Gare d’Austerlitz j’ai voyagé avec des copains du CSP, 5 vélos pour 3 emplacements vélo, le chef de train ne nous a pas fait de remarques. Nous avons rejoint le point de départ ou un petit ravito de bienvenue attendait une soixantaine de canaris fluorescents.

Les participants à ce DDX étaient plutôt…

Bon je vais arrêter là mon compte rendu réclamé par Jean batiste, j’ai peur en continuant de vous perdre les uns après les autres, et si certains d’entre vous veulent en savoir plus je vois la possibilité de continuer à vous en dire plus autour de la bièreS de l’amitié, que vous ne manquerez pas de m’offrir.

Deuxième Partie

Puisque vous me le demandez je m’y « recolle ». 

  • Pour les vêtements 
    • J’avais fait le choix de rouler avec un petit maillot de corps Odlo, une base layer polartec et une veste doublée en polartec.
    • Je ne vais pas vous faire un cours sur les échanges gazeux, vous connaissez la problématique.
    • Des sur-chaussures en Néoprène.
    • Des sous-gants polartec et des gants.
    • C’étaient de bons choix.
  • Pour l’éclairage
    J’ai fait le choix d’une frontale qui fonctionne sur accus, c’était un très bon choix mais une maladresse a faillit me coûter cher, je vais vous conter cela rapidement.

Ah ah ah je viens de vous lâcher un « je vais vous conter » bien fait pour vous, il ne fallait pas me relancer sur la rédaction d’un petit compte rendu, vous allez peut-être subir prochainement un « bien mal m’en a pris que n’ai je donc fait ». 

La soixantaine de participants se répartit en 3 groupes. Mon groupe, le troisième, est composé de 17 cyclistes. Nous prenons la route espacés de quelques minutes pour des raisons de sécurité.

Nous allons rouler en peloton et avons réglé nos feux arrière en mode fixe, c’est indispensable.

Il ne fait pas très froid : 3 degrés.

Rapidement les lumières de la ville et de sa périphérie s’effacent et l’obscurité prend place, nous voici plongés dans cette aventure nous allons faire 80 km pour rejoindre le château de Chambord ou un ravitaillement nous attend. 

Mais avant Chambord c’est Versailles ! Je m’amuse avec les 4000 lumens de ma lampe, ça éclaire fort mais rapidement elle n’a plus d’énergie et je me retrouve sans éclairage.

Nous roulons en groupe compact je profite de l’éclairage de mes compagnons de route, mais lorsque nous nous retrouvons les uns derrières les autres mon absence d’éclairage est un gros problème : ça ne va pas le faire.

Vous êtes toujours là ? C’est bien. 

Attention spoiler alerte, je vais vous lâcher un « bien mal m’en a pris » et un « que n’ai je donc fait » dans 3 minutes.

Je décide donc de changer d’accus en roulant et je farfouille dans ma sacoche de cadre, bien mal en a pris, que n’ai je donc fait (je vous avais prévenu), je pense faire tomber un gel sur la route mais en fait il s’agissait de ma boîte d’accus. Je fais stopper le groupe pour récupérer 2 autres accus que j’avais dans ma sacoche de selle. Ne jamais mettre tous ses yeux dans le même panier. Me voilà sauvé, j’éclaire à nouveau la route. Je cesse de jouer avec ma lampe. Ce n’est pas aux vieux singes que l’on apprend à manger des limaces.

Troisième Partie

Versailles c’est fini direction Chambord ou le ravitaillement nous attend.

A la faveur des arrêts pipi nous avons dépassés le groupe 2 et le groupe 1.

Nous arrivons aux pieds du château de Chambord.

80 km de faits.

Les bénévoles sont super organisés et bienveillants.

Si nous voulons profiter des illuminations du château nous devons reprendre la route à nouveau, la France est en crise, l’extinction des feux est dans 6 minutes, c’est pas Versailles ici !

Nous quittons un peu la trace et je fais une jolie photo… ratée. 

Prochaine étape : Vendôme dans 55 km.

La nuit est totale.

La météo se dégrade un peu, nous roulons de temps en temps sous de la bruine.

Je ne vois plus rien à travers mes lunettes, totalement embuées.

Je décide de les enlever et de les glisser dans une poche arrière.

La manœuvre est hasardeuse, je dois ralentir m’y reprendre à plusieurs fois 

Je suis à l’arrière du groupe, puis à quelques mètres du groupe, puis distancé du groupe.

Je vois leur feux… et à la faveur d’un changement de direction les feux sont avalés par l’obscurité. 

Je dois m’arrêter et remettre mes lunettes pour pouvoir suivre la trace.

Je suis seul, il me reste 35 km à faire.

Mon absence va forcément être remarqué, par mes compagnons de route, le serre-file connaît son « métier » il va arrêter le groupe.

Que nenni… Ouin ouin. 

Je me fais une raison, je vais rouler seul.

Quatrième Partie

J’ai la trace sur mon GPS.

J’ai de la lumière à l’avant et à l’arrière.

Je vais m’en sortir ne serait ce que pour écrire ce compte rendu de ce DDX que @jean baptise ne manquera de me demander. 

Ça va le faire, Forza, mais je redoute un problème technique, je ne suis pas très rassuré, je n’ai pas froid, tout va bien. 

Je roule tranquillement jusqu’au moment où j’aperçois une guirlande de feux rouges qui serpente au loin. 

Mes compagnons de route du groupe 3 sont devant, j’accélère pour les rattraper et n’y arrivant pas je finis par renoncer, j’apprendrais plus que j’avais presque comblé l’écart, à la faveur d’un arrêt pipi et d’une crevaison. 

Je roulotte à nouveau, je suis à 5 km de la pause, je vais y arriver et plus vite que je ne le pense.

« Ça va ? prends les roues » me dit un cycliste en me doublant. 

Je n’avais pas capté qu’en quittant le ravitaillement de Chambord, mon groupe 3, n’était plus le dernier groupe sur la trace.

Je roule avec l’avant-garde du groupe 1 qui attendra à un stop le reste du groupe.

Nous arrivons à la salle troglodyte, nous sommes au kilomètre 135 et je retrouve mes compagnons de route pas inquiets du tout, ils n’ont remarqué mon absence qu’en s’installant à table…

Super ambiance.

Les 3 groupes sont là. 

Beaucoup de cheveux argentés.

Des têtes connues, des cyclistes chevronnés qui font de la longue distance, Jean-Claude et ses 13 Paris-Brest-Paris, un autre 12 , des diagonalistes, Alain qui fait des DDX depuis 2014 …

L’organisation est parfaite, et comme ce « petit compte rendu » n’en finit pas, je ne vais pas vous en dire plus et vous faire gagner 15 minutes… ne me remerciez pas.

Cinquième (et dernière) Partie

Nous remontons sur nos vélos pour parcourir les 70 km de ce DDX de nuit.

Cette fois ci j’ai prêté attention, tous les autres participants sont devant, le groupe 3 est le dernier groupe.

Je ne sais pas si c’est grâce à la soupe ou au vin mais le serre-file va se montrer cette fois-ci efficace, et dès le début, il nous compte, nous ne sommes plus 17, mais 18.

@Pierre Couty du VCN a été oublié par son groupe il roulera avec nous.

Nous allons rouler une petite heure sous une pluie fine.

Les arrêts sont fréquents, @Pierre Couty crampe.

A 40 km de l’arrivée, nous tenons son vélo, pour qu’ils puisse faire quelques pas.

Cette cohésion va prendre fin au prochain arrêt.

Le capitaine de route et le serre-file rouleront avec lui, il ne sera pas seul.

Vous avez remarqué que je n’ai pas écrit « il ne sera pas seul, lui » ?

Nous arrivons à Tours, les vélos sont entreposés dans un local privatif, un petit déjeuner nous est offert.

Je vais faire simple, je zappe les sourires, les visages fatigués, ceux qui s’endorment sur les canapés, les discussions sur les horaires de trains.

La salle se vide, nous ne sommes plus beaucoup.

Je récupère mon vélo, direction Saint-Pierres-des-Corps pour rentrer à Paris en TGV.

C’était vraiment super, tu avais raison @Jean-Baptiste.

Je vous recommande de vivre cette expérience, mais j’émets une réserve sur le danger en cas de températures négatives.

Des bisous et joyeux Noël.

 

Dodécaudax du Solstice avec les Randonneurs Vendômois

Nouvellement inscrit au VCN et donc sur Slack je lis un post de Jean-Baptiste sur cette rando de nuit qui m’interpelle : 

  1. Cette année je n’ai pas fait de 200.
  2. Mis à part mes raids de nuit avec le PGR, je n’ai jamais passé toute une nuit à rouler.

Le défi était difficile compte tenu de mon peu de kilomètres cette année et de plus rouler de nuit en plein hiver, mais d’autres éléments m’ont convaincu de tenter l’aventure : l’assurance que je ne serais pas seul (les inscriptions de Jean-Baptiste qui l’avait déjà fait en 2023 et de Farid qui serait un rookie comme moi) ; l’encadrement par un capitaine de route et un serre-file, le repas dans une salle troglodyte aux deux tiers de la rando, la perspective de voir Chambord de nuit et une trace sans grande difficulté avec très peu de dénivelé. 

Inscription faite j’organise mon emploi du temps pour être à Tours le mercredi car c’est une région que je visite régulièrement dans un cadre professionnel.  Je réserve donc un hôtel pour deux nuits, proche du départ de l’épreuve ce qui me permettra d’être reposé et de bien préparer mon vélo. Bien m’en a pris car à mon arrivée à l’hôtel je me rends compte que c’est le même hôtel qui accueillera samedi matin tous les randonneurs pour le petit-déjeuner.

Après avoir consulté la météo qui ne prévoit pas d’intempéries ni de températures négatives (mais basses : entre 3 et 6° C avec un taux d’humidité inférieur à 85%) je m’équipe en conséquence : 

  • Les pieds : chaussettes en laine mérinos avec chaussures d’hiver et sur-chaussures
  • Le bas : un cuissard long
  • Le buste : 5 couches (un maillot de corps type nid d’abeille, un maillot thermique manche longue, un tee-shirt en lycra, une veste sans manche mi-saison, une veste manche longue en Gore-Tex
  • La tête : une cagoule doublée d’un tour de cou 
  • Les mains : gants en Gore-Tex
  • Les éléments de sécurité : un casque avec frontale, un harnais de signalisation
  • Les vêtements additionnels pour la pause : une veste de pluie jaune, une doudoune, un tee-shirt, un sweet, gants en mérinos.
  • Le matériel annexe : une lampe au cintre, un radar lampe Garmin Varia à l’arrière, un bidon isotherme, deux chambres à air, une pompe à vélo, deux power banks et la connectique, des barres de céréales et gels.

Fin prêt à 19h30 je rallie le départ à moins de cinq minutes devant le Palais des Sports de Tours ou l’on est accueilli par Jean-Pierre, l’organisateur, avec un café chaud et des madeleines. Je retrouve Farid prêt pour l’aventure, malheureusement Jean-Baptiste a dû renoncer à cause d’un chauffard parisien qui l’a percuté une semaine avant.

Pendant les 20 à 25 minutes d’attente nécessaires avant le départ (prises de photos, rappel des consignes de sécurité, constitution de trois groupes de randonneurs…) je suis pris d’un doute sur ma décision de participer à cette aventure car j’ai déjà froid.

Les groupes se constituent mais Farid et moi on tardons à en choisir un et par conséquent, en bouche-trous, on est séparés : j’intègre le groupe un et Farid le trois avec des cyclos de Pantin qu’il connaît.

20h le groupe un s’élance avec un capitaine de route expérimenté.  Une quinzaine de cyclos serpentent dans la bonne humeur dans les rues de Tours pour rejoindre rapidement la rive droite de la Loire et rouler en direction de Vouvray. Pendant ces dix premiers kilomètres le rythme est tranquille et en discutant je m’aperçois que je suis vraiment un rookie de la longue distance car mes compagnons sont tous des cyclos, hommes et femmes, expérimentés avec des Paris-Brest-Paris et des Diagonales dans les pattes. 

Deux cyclos m’interpellent particulièrement par leur équipement : l’un roule en sandale (Pierre Soumoulou dit le Hibou que vous pouvez découvrir dans le podcast Diagonalistes) et l’autre un extra-terrestre équipé en cuissard corsaire, mitaines et un casque sans cagoule ni bonnet ou protège-oreilles. Je me laisse glisser à l’arrière du peloton car la lumière de mon Garmin Varia, que j’ai dû fixer tant bien que mal à l’arrière de ma sacoche de selle, gêne mes compagnons quand ils me suivent.

Au niveau d’Amboise le groupe s’arrête pour un arrêt pipi et on est dépassé par les deux autres groupes, nous reprendrons quelques kilomètres plus loin notre première place pour les mêmes raisons. 

On traverse le fleuve pour laisser sur la droite Chaumont-sur-Loire et prendre la direction de Blois. La sensation de rouler de nuit est agréable car comme on se déplace en peloton homogène chacun étant entouré de feux rouges et blancs, on se sent en sécurité comme dans un cocon et on se prend à penser que l’on participe à un événement atypique avec des cyclistes admirables.

La proximité de la Loire fait que l’on ressent l’humidité transpercer nos vêtements et après trois heures de vélo je discerne une petite fringale : le rythme n’étant pas trop élevé, le froid et l’humidité rendant toute action sur le vélo pénible, on ne trouve pas le besoin de s’hydrater et de s’alimenter régulièrement (cela me coûtera cher plus tard). Je prends une barre céréale qui me requinque.

Blois est en vue mais à un rond-point une crevaison de mon pneu avant fait stopper le groupe qui est rapidement dépassé par les deux groupes suiveurs : on n’arrivera pas les premiers au ravito de Chambord. Tous les cyclos qui percent en hiver le savent : il faut rapidement se dépanner sous peine de se refroidir. La solidarité de cette rando n’est pas un vain mot : une équipe de choc change la chambre à air rapidement et nous reprenons notre rythme de croisière en dépassant Blois et en entrant dans le parc de Chambord

Kilomètre 80 il est minuit moins cinq, on arrive au ravito de Chambord. Afin de profiter des illuminations du château qui s’éteignent à minuit j’en fais le tour pour prendre une photo. Le groupe 2 et 3 sont déjà sur le départ de la seconde partie du voyage. Photo dans la boite, je me dépêche d’aller au ravito prendre un café et des gâteaux et de regonfler mon pneu avant avec une pompe à pied. 

 

Pas le temps de musarder, mon groupe est déjà parti. Je me mets en mode poursuite pour le rattraper un à deux kilomètres plus loin. En forçant sur les pédales je sens des crampes pointées au niveau des quadriceps. Le groupe s’arrête à un rond-point avant de retraverser la Loire au niveau de Muides-sur-Loire : arrêt fatal mes deux quadriceps crampent en même temps, le groupe m’attend le temps que ça s’atténue. On repart sous une sorte de crachin neigeux, l’humidité de la Loire s’imprègne dans les vêtements : il reste 120 kms à parcourir environ, la nuit va être longue.

La Loire dernière nous, on remonte sur Mer complètement endormis, on passe au-dessus de la voie ferrée Orléans – Tours puis de l’A10 et on se retrouve sur un plateau entre Beauce et Vendômois. En moulinant je ne sens plus de contractures, un vent favorable augmente notre moyenne, le taux d’humidité baissant la température extérieure est agréable, je me sens pousser des ailes et je prends quelques relais. Seule la traversée des hameaux et des villages casse la monotonie de notre environnement due à l’obscurité. De temps en temps une chouette effraie croise notre chemin. De bonne allure on dépasse le groupe deux (on apprendra plus tard que l’un des leurs a eu des ennuis de dérailleur). Dix kilomètres avant Vendôme, je vois au loin une lumière rouge et crois avoir rattrapé le groupe trois. À la faveur d’un toboggan, notre groupe fond sur la lumière rouge et en la dépassant je vois Farid esseulé dans la nuit qui pourchassait son groupe pendant plus de 30 km après un ennui de lunettes. Pas cool le groupe trois qui l’a abandonné ! Pourtant ce sera le même groupe qui va m’accompagner et me soutenir jusqu’aux portes de Tours. 

Il est trois heures du matin, nous traversons Vendôme pas si endormie que cela puisqu’une assemblée de jeunes sortant ou allant à une fête nous acclament sur le bas-côté. 

Plus que cinq km et c’est le repas chaud ! Enfin le kilomètre 137, clou de la soirée. On gare nos vélos à l’abri d’un porche taillé dans la roche, on se change, on recharge les accus des Garmin et des lampes. Chacun se restaure dans la joie et la bonne humeur : apéro, soupe de potimarron, gratin dauphinois avec jambon, fromage et tarte aux pommes. Un des organisateurs met à l’honneur des cyclos qui ont à leur palmarès douze ou treize Paris-Brest-Paris et toutes les Randonnées du Solstice depuis leur création en 2014.

Pour ma part je n’ai pas pu profiter pleinement du repas car au milieu de celui-ci mes deux quadriceps se rappellent à mon bon souvenir et se contractent en même temps : je m’isole pour que passe la douleur et me masse les cuisses. Rien n’y fait. Après plus d’une heure de pause ils se sont refroidis malgré une hydratation à la Badoit de l’apéro et à la soupe. Cela va être dur de redémarrer surtout mais tout le monde se lève pour reprendre le périple. Je me déplace péniblement jusqu’à mon vélo, me rééquipe. Les crampes ne disparaissent pas, au contraire à chaque mouvement elles perdurent. Des cyclos bienveillants viennent me voir et me donnent des compléments sous forme de pastilles à sucer. Je me dis que la dernière partie va être dure : 70 km restant avec pratiquement tout le dénivelé de la rando à faire. La maîtresse de maison essaye de me dissuader de continuer dans cet état et me suggère de terminer dans la voiture qui me ramènera à Tours au petit matin. J’avoue que c’est tentant : plus de souffrances, plus de froid, plus de vélo. De plus, le temps de me préparer et de discuter mon groupe était parti. Seul le groupe trois de Farid était encore là : l’honneur du VCN était en jeu. N’écoutant que mon égo je monte péniblement sur mon vélo et m’engage dans le final sous un crachin non prévu par la météo.  

Première côte après 3 km, je mouline et la monte sur le dernier pignon. Je sens mes cuisses se contracter mais cela passe. Sur le plat je refais mon retard mes compagnons réduisant leur allure pour m’attendre. Mais dans la prochaine difficulté, une grande rampe rectiligne, malgré un gros développement, mes deux quadriceps ainsi que mes ischios crampent en même temps. Je déchausse rapidement sous la douleur et éprouve la sensation d’avoir deux poteaux télégraphiques à la place de mes jambes. Thierry le capitaine de route redescend le raidillon et viens m’aider. Il évalue la situation en me demandant si je peux marcher et terminer la bosse en bipède et m’assure qu’il restera avec moi si nécessaire jusqu’à Tours. Mon vélo par terre, je ne peux pas m’asseoir car les bas-côtés sont trempés, heureusement une rambarde de sécurité me permet de m’asseoir et de lâcher la pression sur mes cuisses.  Il reste 60 kms à parcourir mais il faut que j’y arrive, ce n’est qu’un mauvais moment à passer, après Chambord j’ai crampé mais cela a passé et j’avais même retrouvé des sensations donc pourquoi pas renouveler l’expérience. Je monte péniblement la rampe à pied, au sommet je me remets en selle et re-pédale tranquillement. Au moindre dénivelé positif (petite bosse, faux -plat, et raidillon) je mets le gros pignon et contrôle les contractures ; évidemment avec Thierry nous perdons rapidement du terrain par rapport au reste du groupe. Je me fixe mentalement des étapes de 20 km. Les autres nous attendent et nous faisons une pause sur le bord de la route juste avant Château-Renault. Thierry est rejoint par Bruno qui vont m’accompagner en papotant non-stop jusqu’au petit déjeuner.  On passe devant un Lidl tout éclairé, la mise en rayon a commencé, la circulation automobile est plus fréquente, il doit être au moins six heures du matin. On quitte Château-Renault : Vouvray est à 25 km. 10 km avant Vouvray après une courte pause le groupe trois en file indienne et en musique prend le large nous laissant seuls Thierry, Bruno et moi. 

Enfin Vouvray, on traverse la Loire pour rejoindre la piste cyclable de La Loire à Vélo. Malgré la pénombre on sent que l’agglomération se réveille, la circulation devient dense : camions, bus, quelques vélotafeurs, on redevient des cyclistes ordinaires. Je n’ai plus d’énergie mais pas envie de dormir : l’écurie est proche, plus que quelques kilomètres avant le final. On dépasse le panneau Tours, on prend des avenues avec des pistes cyclables ou on se laisse doubler par des VAE : les 200 km ont laissé des traces ! Avenue Gramont on rejoint le local vélo de l’hôtel pour sécuriser nos montures le temps de prendre le petit déjeuner.

Je remercie mes deux anges gardiens pour leur soutien et, bon dernier de l’épreuve, rejoint par l’ascenseur les 50 autres participants dont Farid du VCN et les organisateurs heureux que tout se soit bien passé et nous nous donnant rdv pour le Dodécaudax des Rois le 11 janvier 2025.

 

Le Toboggan Meudonnais de Jérémie

 

Ce matin, réveil à 6h pour participer à la célèbre Classique Meudonnaise. Malheureusement, j’ai réveillé madame, qui n’était pas très contente. Elle n’a pas compris pourquoi je devais partir si tôt, d’autant plus qu’habituellement, je quitte la maison à 7h30 pour les sorties avec le groupe 1. Donc dès le matin, je me fais engueuler, et je ne pars pas sur les meilleures bases !

Il fait 10 degrés, l’air est humide après presque deux semaines de pluie. On a même eu quelques frayeurs car Saint-Rémy-lès-Chevreuse était encore inondée samedi.

Je pars de Colombes à 7h pour rejoindre la mairie de Neuilly, et j’y arrive vers 7h20. À ma surprise, une quarantaine de cyclistes sont déjà là, rassemblés dans la nuit noire. Leurs feux avant clignotants illuminent la scène, avec les feux arrière rouges, créant une atmosphère presque féerique au milieu de la ville encore endormie.

À 7h30, départ pour rejoindre Meudon. On traverse Boulogne-Billancourt et le pont de Sèvres, puis on attaque une montée raide de 2 kilomètres. Ce n’est pas un simple faux plat : la pente est bien marquée et elle nous prépare déjà psychologiquement à ce qui nous attend. Cette première montée annonce clairement la couleur de la journée.

Lorsque nous arrivons à Meudon, dans l’espace vert près des terrains de foot, nous sommes accueillis par un épais brouillard qui enveloppe le paysage. Malgré cette ambiance un peu mystérieuse, on est surpris par le nombre de participants déjà présents : plus de 500 personnes attendent le départ.

Le président, comme à son habitude, s’occupe de récupérer les bracelets et d’organiser les groupes.

Le parcours de 88 kilomètres, avec ses 11 bosses, nous attend. Plus de 1000 cyclistes s’élancent sur les routes de la vallée de Chevreuse. Au milieu du parcours, on enchaîne une bonne dizaine de bosses, chacune avec une pente moyenne d’environ 5 %.

Ce n’est pas un parcours de tout repos, c’est même assez exigeant, surtout avec les conditions actuelles. La pluie des derniers jours a laissé sur la route une épaisse couche de feuilles mortes, rendant certaines portions particulièrement glissantes. Il faut rester très attentif dans les descentes, car la moindre erreur peut coûter cher. Cette technicité rend la course encore plus intéressante, mais aussi plus difficile à gérer pour certains.

La circulation des cyclistes est dense, mais l’ambiance est incroyable. Chacun avance à son rythme, encouragé par l’énergie du groupe. Les premières bosses se passent bien, mais après la neuvième, les jambes commencent à brûler.

Heureusement, le ravitaillement arrive à point nommé, avec un festin de foie gras et d’huîtres, qui apporte un peu de réconfort avant d’affronter les derniers kilomètres.

Je me demande encore comment les cyclos arrivent à enchaîner un tel parcours en mangeant 4-5 huîtres , 3-4 toasts de fois gras et un petit verre de vin blanc. Je ne sais pas comment ils font pour digérer ça avec le volume de bosses qu’il reste ensuite ! Au final, je pense que ce sont toutes ces questions qui font le succès de la classique aujourd’hui.

À la fin, les membres de Neuilly arrivent petit à petit, par groupes de 3 ou 4 personnes, chacun à son rythme, chacun avec des allures différentes, mais toujours dans une bonne ambiance. Les premiers arrivent, puis d’autres groupes suivent, encore 3 ou 4 personnes, puis encore 3 autres, et ainsi de suite.

Finalement, tout le monde se retrouve à l’arrivée pour partager un dernier sandwich, savourer la coupe remportée par le club, et échanger quelques derniers mots avant de reprendre la route.

Pour certains, la journée n’est pas encore terminée : il reste une vingtaine de kilomètres pour rentrer jusqu’à Colombes. Et surtout publier cette belle sortie sur Strava. Fatigués, chacun rentre chez soi avec le souvenir d’une belle journée de cyclisme, marquée par la camaraderie et le dépassement de soi.

C’était ma troisième édition de la Classique Meudonnaise, et c’est toujours un grand plaisir de partager autant de bons moments sur cette édition 2024. C’était aussi ma deuxième participation et mon premier anniversaire en tant que membre du club de Neuilly-sur-Seine. Déjà plus de 35 sorties de plus de 100 kilomètres dans ce club si accueillant !

C’est vraiment plaisant de voir à quel point le club évolue au fil des mois, avec plus de 130 membres aujourd’hui. Une belle aventure qui ne cesse de grandir.

Photos Michel B. et Brunso S.

Retour sur les Pommes de Terre du Centenaire 1923-2023

L’édition 2023 de la randonnée des Pommes de Terre devait marquer les esprits car c’était le Centenaire du VCN. C’est chose faite, les 210 cyclistes qui ont participé à cette édition ont pu profiter des tous nouveaux parcours en Vallée de Chevreuse.

Trois parcours route de 75 km, 100 km, et 130 km  et un parcours gravel de 85 km plutôt engagés ont mené les cyclistes vers l’Abbaye des Vaux-de-Cernay.

La météo a voulu se joindre à cette grande fête avec une journée sous un grand soleil et des températures dignes d’un 14 juillet.

Les participants ont en tout avalé plus de 20.000 km de route, plus de 300 litres d’eau, 20 kg de fruits, et pour ceux qui nous ont rejoins à l’arrivée au stade Monclar, 40 litres de bière, 35 kg de frites et 15 kg de saucisses et 200 cakes !

            

Prochain rendez-vous au mois de mai 2024 pour les Pommes de Terre Salées ! À bientôt et merci à tous les participants et aux 35 bénévoles du VCN qui ont permis le bon déroulement de cette rando.

Note : Beaucoup de photos bientôt disponibles sur ce site !

Randonnée des Pommes de Terre (Route / Gravel) 2022

  • Café et des boissons au départ,
  • un ou deux ravitaillements suivant le parcours et des

grillades à l’arrivée avec de la bière pression locale et des patates !

Parcours

Nous vous emmènerons à la découverte de l’Ouest Parisien, entre la Vallée de Chevreuse au sud et le Vexin au nord, à travers champs, forêts et belles bosses.

Route : Pommes de Terre Gratinées

Les parcours routes passent par des petites routes entièrement revêtues avec 1% de dénivelé positif moyen.

Le parcours 70 sera balisé, GPX disponibles pour tous les parcours :

Inscription en ligne ou sur place (mais avec un surcout de 1 € sur place).

Gravel : Pommes de Terre Sautées

Le parcours gravel privilégie les chemins avec plus de 50 % de non revêtu : du chemin, des singles, un portage, 900 m de D+ mesuré et des lieux cachés à explorer ! Pneus 35 mm minimum, 40 conseillés, avec crampons si temps humide, compter 5h de roulage en moyenne.

GPX: Pommes de Terre Sautées (Komoot)

Inscription en ligne ou sur place (mais avec un surcout de 1 € sur place) dans la limite de 50 places !

 

@vcneuilly92
@vcneuilly92
@vcn92
@vcn92

 

BRM 200 — Sur les pas de Raboliot

Du VCN, nous étions 10. Ou plutôt 11. Il y avait dans le désordre Robin, Jean-Michel, Frédéric, Jean-Baptiste Michel, Sophie, Loné Nicolas et 2 de nos épouses, Brigitte et Isabel, puis aussi Etienne, qui nous rejoint le lendemain. 11 le compte est bon. 

Partis depuis Jeudi, ou samedi pour la majorité, c’est à La-Ferté-St-Aubin que nous avons établi notre camp de base, hébergés par notre président. Altitude zéro, confort maximum et localisation parfaite au sud d’Orléans à 30 minutes du départ de ce brevet des randonneurs mondiaux de 200 km alias BRM 200.

Accueillis par nos hôtes pour le déjeuner c’est avec une bière locale blonde d’abbaye – la Pucelle d’Orléans-, que nous avons sagement démarré notre préparation. Puis une fois terminé le déjeuner, 50% de la fine équipe préfère converser de choses et d’autres c’est à dire de vélos et de vélos pendant que le restant travaille la tactique du lendemain autour d’une partie de Flamme Rouge. Jeu de société autour du vélo avec des vélos.  Il faut ce qu’il faut,  rien n’est illusoire quand on doit préparer un BRM 200. Chacun sa méthode. Flamme Rouge, une jolie découverte. Robin a gagné en se la jouant « au facteur ». Bravo !

Puis pour faire tourner les jambes et quitter la position assise cette belle équipe était conviée à un cluedo original au château de la Ferté. A 1 km de la maison, à pied, bonne petite balade digestive pour nous préparer les neurones. Un cluedo c’est stressant mais vivifiant pour l’esprit et 2 heures plus tard l’énigme résolue (personne n’avait trouvé la même solution…) au bercail rentrer, il fallait.

Dîner de pâtes et de pâtes. Peu d’alcools. Révision cartographique. Derniers paris sur la météo.  Mise en place du timing. Au dodo les enfants.  Demain levé aux environs de  5 h 00 car le départ là-bas à Fleury-les-Aubrais dimanche matin sera sifflé à 7h30.

175 participants. 49 en gravel dont Jean-Baptiste et 126 sur la route… Luminosité parfaite, temps sec et frais, conditions idéales, ça y est nous sommes en route. La barre des 200 km est  vite derrière nous… l’itinéraire prévoyant 205 km. Première barre psychologique franchie sans coup férir. 

Le VCN roule ensemble,  soudé,  groupé pendant 50 km. Le parcours est très bien. Varié même s’il est plat comme un œuf et tranquille comme tout. Nous partons sud-est c’est-à-dire vent légèrement sur le côté et peu gênant. La lumière est belle, à contre-jour et même si le ciel se grise, de beaux rayons de soleil nous accompagnent à travers plaines, rus et bosquets. La Sologne n’est pas loin, nous sommes sur les traces de Raboliot… En file indienne , ou 2 par 2, quelques cyclos se joignent à nous. Il y a peu de monde ; rien à voir avec un Classic Challenge ou une cyclo parisienne, nous sommes vraiment seuls au monde en ce paisible dimanche matin de mars. 

La région d’Orléans c’est aussi la Loire. Large, majestueuse et profonde, nous la longeons après une trentaine de kilomètres. Soit sur une route de campagne soit sur ces digues si caractéristiques de la Loire, protégeant champs et maisons des crues de la Loire. Le rythme est bon, le groupe toujours serré et bientôt une bande de Gravel nous rejoint avec Jean-Baptiste. Nous ferons ensemble le reste de la route jusqu’au prochain Check Point de Sully-sur-Loire. Première halte devant le brillant château de Sully et ses douves. Jean-Baptiste et les Gravel, sans doute ayant peur d’arriver après l’horaire max (20h), se reposent 2 secondes et repartent vers leur circuit de pierres, de terres, d’eaux, et de sentiers forestiers. Atmosphère Gravel…

Passé Sully c’est une autre paire de manches qui s’annonce. Cap sud-ouest c’est-à-dire juste pour prendre de plein front le vent. Les rafales de 50 km/h sont là et notre petit groupe se coupe en deux. Chacun va au gré de ses envies, Sophie, Michel et Étienne d’une part, Frédéric, Jean-Michel Robin Loné et moi-même d’autre part. Le paysage change, l’itinéraire traverse de belles forêts de chênes et navigue autour de tranquilles lacs. Quelques hérons isolés nous ignorent. Et pour parer au vent nous nous mettons à rouler en relais pendant de longs kilomètres. Sans trop forcer le rythme, efficacement, mais histoire de bien tourner ; et la Ferté-St-Aubin arrive. Check Point 3 directement. Car le CP 2, lieu-dit du chêne à la Caillat, on l’a traversé sans se retourner. La forme était là, manger des kilomètres était notre point de vue du moment, pas d’arrêt, tant pis on continue… Vitesse moyenne jusqu’alors 27,2 km/h, c’est pas encore 30 mais cela permet de faire rapidement des kilomètres, et avec plaisir. Il faut dire que côté dénivelé c’est superbe, peu de longues descentes grisantes certes, mais pas non plus de côtes raides et destructrices. On aime !

 

 

La Ferté-St-Aubin, donc. CP3 de luxe. Chez nos hôtes. Km 95. Pâtes, taboulé, jambons, bananes, que du bonheur. Pause de 20, 25 minutes, le temps passe vite dans ces instants-là et au sortir de la maison arrive le reste du VCN, Michel Sophie Etienne. Robin en profite pour dire qu’il va changer de peloton pour l’après-midi, et reste se reposer un peu plus. Nous repartons à 4. Le soleil nous a dit au revoir. Le ciel est nuageux. Bruine. Nous revêtons nos tenues de pluie. Qu’on enlèvera, puis remettra, puis enlèvera et remettra définitivement au km 119, c’est-à-dire au CP4 tristounet mais sympathique château de Villebourgeon isolé près d’un lac tout tranquille. Selfie souvenir, faisant preuve de passage in case of…et au boulot !

Au boulot d’autant plus que l’on roule maintenant plein ouest, puis nord-ouest et enfin sud-ouest vers Chambord. Quelques moments compliqués car le vent se renforce et le temps change. Puis petit à petit les tourelles et cheminées de Chambord se dévoilent sur notre flanc droit. Fines, longilignes et cachées pendant quelque temps puis toutes entières, grandioses lorsqu’on se gare à leurs pieds. Chambord, nous y sommes. CP5 . Km 149. Photos souvenirs. Gels et barres énergétiques. Pensées émues pour le grand Léonard et François son ami. Un peu d’architecture. Chambord plaît ou ne plaît pas mais Chambord… et la pluie commence légèrement ; c’est le moment de repartir nord-est c’est-à-dire avec ce qu’on attend depuis le début, le vent dans le dos. Nous quittons le vaste parc de Chambord en laissant sur notre droite cette cabane de chasse que connaissent bien les amateurs du feu Versailles-Chambord.

 

 

 

 

 

 

 

Puis nous regagnons les bords de Loire. A partir de là il n’y a plus de CP. Mais il y a la pluie qui par moments nous fera avaler la boue projetée par celui qu’on suit et nous fera manger de la terre accumulée sur l’embout de nos bidons, bref un moment Gravel Like ?

Mais le plaisir est toujours entier. La Loire superbe depuis ces berges. Et nous commençons à rouler de nouveau avec certains groupes de cyclos qui sans doute à cause des kilomètres accumulés perdent un peu de cadence. Et finalement sans prévenir, nous pénétrons dans Orléans. Et c’est là que Jean-Baptiste nous rejoint. Hasard de ces parcours qui font que de grands esprits se croisent et se décroisent dirons-nous.

Il est 16h45. Nous sommes arrivés.

L’organisation est parfaite. Collation. Douches pour les destriers et les chevaliers. Médaille du bonheur.

Un BRM 200 in the pocket.

A refaire sans aucune hésitation ! En Gravel peut-être ?

Les stats: https://www.strava.com/activities/3166230939

 

 

 

 

 

 

 

Le Marais Blanc

Arrivés la veille pour ce brevet 200 km du Marais Blanc  on aura entendu la pluie tomber toute la nuit, mais heureusement ça s’arrêtera juste avant le départ à 7h.

Je pars dans le peloton de tête emmené par Xavier Pesnel (vainqueur de la Three Peaks 2019), tout de suite ça roule fort et il ne vaut mieux pas perdre trop de temps dans le virages pour ne pas s’épuiser en relances.

Alors que le soleil se lève on découvre un paysage magnifique de routes entourées d’eau à perte de vue, mais pas facile de prendre des photos à ce rythme ; on roule souvent à 35 km et on avale la boue de ceux qui nous précèdent. La vitesse est grisante et on n’a pas envie de lâcher, quand bien même il faut prendre un chemin de terre vraiment typé gravel et où je suis content d’avoir des pneus de 32 mm ! Stéphane Gibon l’organisateur avait prévenu : venez avec des gros pneus renforcés sur ce BRM “route”ou plutôt “roots”.

Au bout de 75 km on s’autorise une courte pause mais on repart très vite.

Un peu plus loin alors qu’on ralentit un peu parce que la route est sinueuse, je vois une magnifique cigogne dans son nid et je décide de m’arrêter pour prendre une photo, même si je sais que je vais devoir me cramer un peu pour remonter sur le peloton ensuite.

Quand je repars je revois assez vite les autres devant, mais après quelques virages et carrefours plus personne. Au bout d’un certain temps je suis sûr que quelque chose ne va pas et je prends le temps de m’arrêter pour consulter la feuille de route et je réalise que je ne suis pas du tout où il faut : sur mon GPS j’avais chargé l’itinéraire de 2019 ! Et moi qui avais maudit Garmin qui m’avait fait des erreurs de parcours et des re-calculs d’itinéraire incompréhensibles toute la matinée ! À l’aide de Komoot je change pour la bonne route et je fais demi tour pour revenir sur le parcours 2020. Au final j’ai définitivement perdu le peloton je me suis rajouté 14 km bien bosselés par rapport au reste du parcours… Mais ce n’est pas grave l’essentiel c’est que je fasse au moins 200 km aujourd’hui pour valider mon Dodécaudax de février !



Un peu plus loin alors que je prends une photo je suis rattrapé par KArine et Thierry qui eux aussi ont lâché le peloton, on repart ensemble et lors d’une pause casse-croûte à Isigny-sur-Mer on en retrouve un troisième.
Les paysages sont toujours aussi beau et maintenant le soleil montre son nez. Les traversées de routes inondées sont très ludiques.

Sur les 50 derniers kilomètres je perds les autres et je double deux cyclistes qui décident de prendre ma roue. On commence à faire des relais et on oublie la fatigue des kilomètres précédents. Quand on se retrouvera à l’arrivée et ils n’avoueront que, quand je me suis arrêté pour une pause photo tandis qu’ils continuaient, ils ont pensé la même chose que moi : ouf, on va enfin pouvoir se reposer !

Un peu loin je retrouve Ayoub qui a coupé un peu pour avoir plus de temps pour se livrer à son activité favorite après le vélo : filmer avec son drone. Je m’arrête pendant qu’il remballe et on repart ensemble, même si on serait bien resté un peu plus longtemps dans cette endroit magique : un petite église de granit au bord de l’eau et le soleil sur nos visages.

Mais visiblement mon ami cinéaste n’est pas fatigué et il me le fais savoir ! Je peine à suivre son rythme. Un peu plus loin un tracteur qui nous bloque la route me permettra de me reposer un peu 😉

Enfin on arrive à Montebourg et on franchit les dernières centaines de mètres qui nous séparent d’un ravitaillement copieux fait de crêpes maison, pâté, bière et camembert de Normandie, AOP bien sûr !

Photos et Récit : Jean-Baptiste Catté

Pour aller plus loin:

Première Flèche Vélocio

Cette année je me suis lancé dans la longue distance à vélo alors pourquoi ne pas faire la Flèche Vélocio ? Rouler 24 h sans jamais s’arrêter plus d’1 h 30 et faire au moins 360 km, ça semble un bel objectif alors que je n’ai jamais fait plus de 250 km et n’ai jamais roulé plus d’une heure de nuit.

Coup de chance, Catherine me propose d’être le cinquième dans son équipe, montée par l’US Métro, et où l’un des membres vient juste d’être forcé d’abandonner. Seulement voilà, ils ont prévu de rouler 620 km en 24 h, sans les arrêts ça fait quand même une moyenne de plus de 30 km/h ! De bel objectif ça devient un beau défi ! Mais j’accepte, l’occasion est trop belle, même si je ne sais pas trop dans quoi je m’engage.

Dans l’équipe, côté rouleurs je connais bien Catherine et un peu Philippe Huet notre capitaine, mais je ne rencontre Carlos et Olivier que plus tard lors d’une soirée de préparation chez Philippe, quelques jours avant le départ, je ne sais pas comment ils roulent, quel est leur niveau, si je serais à la hauteur. À la même occasion je rencontre aussi Nicolas, un de nos deux suiveurs avec Bernard et nous accompagnera tout au long de l’épreuve pour nous préparer les ravitaillements et transporter notre matériel. J’apprends plein de chose pendant cette réunion, notamment que les arrêts seront très rapides, qu’il ne faudra surtout pas perdre de temps et faire un maximum de kilomètre pendant ces 24 heures, clairement on n’y va pas pour se promener. Mais Philippe et sa femme nous ont préparé un très bon dîner, je me régale et j’oublie mes inquiétudes.

Le jour dit nous nous retrouvons tous à 9 h au Plessis-Robinson où l’on découvre avec stupéfaction le van qu’on a loué sur OuiCar. On a tous la même question en tête : est-ce que cette épave va tenir le coup sur les 1500 km aller-retour ? Au moins une chose est sure au vu de l’état de la carrosserie on ne risque pas de se faire embêter pour une rayure en rendant les clefs… 
Enfin, pas le temps de tergiverser on embarque les vélos, les bagages, le materiel et en route pour Troyes ! 
On arrive à 11h28 mais le restaurant et fermé petit stress on un planning serré, mais le temps de faire le tour pour trouver une entrée et c’est ouvert : la porte s’ouvre automatiquement à 11h30 pile devant une serveuse étonnée de nous voir tourner autour du restaurant comme ça ! On déjeune, surtout des glucides, on fait un peu plus ample connaissance, et on pars pour notre ligne de départ : la pancarte de sortie de Saint-Julien-les-Villas à 10 kilomètres de là.

Juste avant le départ

La veille j’avais comme les autres préparé soigneusement mes affaires et comme les autres mis dans une grande boîte en plastique tout le matériel auquel j’avais besoin d’accéder rapidement pendant l’épreuve. Par contre conteraient aux autres j’avais emballé mon vélo dans une valise de transport que j’utilisais pour la première fois et qui m’avait contraint à démonter les deux roues, le cintre et la selle. Gros stress, le temps passe, j’ai besoin de plus de temps que les autres pour tout remonter et la marque que j’avais faite sur ma tige de selle n’est pas très visible : est-ce que je l’ai remise à la bonne hauteur ? Il vaudrait mieux parce que sur plus de 600 km ce genre de détail ne pardonne pas… 
Dix minutes avant on est tous au départ, on prend quelques photos tandis que les minutes passent lentement en attendant 14 h pile…

Le compte à rebours est lancé !

Enfin on s’élance ! Il fait beau mais malheureusement on a le vent dans la figure, il ne nous quittera pas jusqu’au premier ravitaillement 84 km plus loin. Malgré tout le groupe roule vite et fort sans avoir eu le temps de se chauffer, on est à 32 km/h en faisant des relais très rapides pour s’exposer au vent le moins longtemps possible. Je n’ai pas l’habitude de partir d’enchaîner les relais comme ça, je fais des erreurs et je peine alors que Catherine semble avoir mangé du lion. Même si rapidement je me mets dans le rouge, je ne veux pas être inutile, je prends mes relais comme tout le monde, je m’accroche. Mais je me dis que ce n’est pas possible, que je ne vais pas tenir 24 h comme ça, et je vois se rapprocher s’approcher l’horrible perspective de devoir abandonner, de devoir finir la flèche dans le van alors qu’on est juste au début. Je suis tellement crispé sur mon vélo que je n’ai pas le temps de manger ni boire, mauvais calcul, et que mes lombaires me font mal. Mes compagnons de route voient bien que je peine et me disent de rester abrité, de ne plus prendre de relais. Je rechigne parce que je veux faire ma part du travail, mais rapidement je suis bien forcé d’accepter. J’en profile pour me restaurer et m’hydrater. J’étais à plus de 82 % de ma fréquence cardiaque max, mais ça redescend doucement à 70 %, rapidement j’essaie de reprendre des relais mais c’est trop tôt, ça remonte tout de suite, alors je prends mon mal en patience jusqu’au ravitaillement de Nuits-sur-Armançon ou l’on arrive avec 7 min d’avance sur le programme, malgré le vent de face !

La nuit tombe…

Vite, vite, on mange, on boit et l’on repart après que Catherine m’ait forcé à mettre un Guronsan dans mon bidon pour me donner un coup de fouet. Et là, je ne sais pas si c’est que je suis enfin chaud, que j’ai bu et mangé ou le Guronsan mais ça va beaucoup mieux, j’ai repris du poil de la bête, on roule vite, on fait des relais plus longs vu qu’on a plus de vent, et j’en fais largement ma part. Pourtant ça grimpe un peu pour arriver à Sombernon, le point culminant de notre parcours où l’on arrive encore en avance. 
Olivier a des problèmes de douleurs de selle et de digestion (du coup il mettera deux cuissards l’un sur l’autre pour plus d’amorti). Comme la nuit va tomber, on met en place nos lampes. Les autres s’habillent plus chaudement mais pas moi, il fait encore 27 °C, trop peur d’avoir chaud et je fais bien, il fera encore très bon tard dans la nuit. On mange les sandwichs qu’on s’était préparé mais pas les pattes qui étaient prévues : Nicolas et Bernard n’ont pas eu le temps de les préparer, le van est tombé en panne, il s’est arrêté d’un seul avec tous les voyants au rouge, ils ont réussi à repartir mais il n’y avait plus d’huile ils ont dû en acheter… Le van refera de nombreux caprices par la suite mais heureusement tiendra jusqu’au bout quand même !
On repart après que Nicolas nous ait conseillé de ménager nos forces, il va falloir tenir jusqu’au bout et en effet le groupe va vite commencer à fatiguer. Catherine qui tirait tout le monde au début a maintenant du mal à suivre, comme moi plus tôt elle s’abrite pour reprendre des forces. Olivier, qui comme moi débute dans ce genre d’épreuves, à du mal aussi. On roule dans le nuit en pensant à la soupe qui nous attend à Champforgueil, ça va être le grand luxe on va pouvoir s’arrêter 25 min et manger quelque chose de chaud au milieu de la nuit.
Mais une grosse déception nous attends en arrivant : personne n’a pensé à prendre des allumettes ou un briquet, impossible d’allumer le réchaud, pas de soupe ni de café ! Je mange des pates froides (heureusement elles avaient été cuites à l’avance) et je m’habille car je sais que le lever du jour sera frais.

On repart pour la deuxième partie de la nuit, on roule au train, et si je ne me sens pas fatigué et j’ai des jambes je dois constamment lutter contre le sommeil qui m’envahit. Je me mets souvent devant parce que les changements de rythme et la fraîcheur de la nuit me maintiennent éveillé. On prend quelques gouttes mais c’est juste pour nous faire peur, c’est très court et ça ne mouille pas. Enfin, presque pour rompre la monotonie, on s’arrête à Villefranche-sur-Saône.

Crevaison…

On traverse Lyon vidée de ses habitants en cherchant la basilique perchée sur la colline de Fourvière. Mais en traversant le Rhône, Philippe crève sur un gros morceau de verre. Son pneu est coupé sur plusieurs centimètres, heureusement j’ai un tire boot et on peut réparer, mais l’on perd beaucoup de temps à cause d’une chambre à air qui a une valve trop courte pour une jante trop haute.

Peu avant le lever du jour on arrive à Ampuis après avoir roulé 425 km et il ne fait plus que 5 °C. Surprise nos suiveurs on trouvé un briquet prêté par un boulanger et on peut enfin boire du café ! Quel bonheur alors qu’il fait froid et l’envie de sommeil est toujours aussi présente. Deuxième surprise : un membre de l’Audax Club Parisien est là pour un contrôle, il est ravi de boire un café avec nous.

On repart avec le soleil qui se lève, c’est tellement agréable malgré la fraîcheur ! Mais nouveau problème pour moi : je commence à avoir mal au genou gauche, je n’en dit rien à mes compagnons que je ne veux pas inquiéter. Et qu’y faire de toutes façons ? Je ne veux pas finir en van maintenant alors qu’on a fait plus de la moitié ! Même si la douleur devient de plus en plus présente au fil des kilomètres je m’accroche.

À Valence on sait qu’on a fait 497 km, soit le minimum requis pour valider la flèche (on doit faire plus ou moins 20 % des 620 km annoncés). Mais il faut rester motiver, pour tenir notre objectif. C’est dur, très dur, j’ai mal au genou (je découvrirais plus tard que ma cale gauche avait bougée et était de travers), je veux dormir, mes compagnons ne valent pas beaucoup mieux que moi.

En Ardèche on rencontre un cycliste très sympathique qui fait un bout de chemin avec nous, il nous notre en passant la statue de Johny Hallyday à Viviers. Il a la pêche lui, il nous apprends qu’il a fait le Paris-Brest-Paris en seulement 56 h…

On roule sur la nationale 7, voie hostiles aux vélo si l’en est, surtout ce samedi matin ou toutes les voitures semblent s’être donné rendez-vous.

Certains parlent de faire une grosse pause, de s’arrêter une fois la barre des 600 km franchise, mais heureusement Catherine veut rien savoir, c’est une guerrière, elle nous pousse, elle nous tire mais elle veut qu’on atteigne notre objectif de 620, il nous reste peu de temps, mais c’est possible.

Deuxième crevaison

Manque de chance c’est au tour de Carlos de crever, mais il est d’une efficacité redoutable pour réparer, même après plus de 22 h de vélo ! J’en profite pour faire une micro sieste de 2 minutes !

On repart, mine de rien on s’est reposé, on retrouve des routes plus clémentes, Carlos et Catherine nous tirent. On rate un virage à Orange mais c’est pas grave, on ne va quand même pas faire demi-tour ! On passe par le centre au lieu de le contourner.

On roule, on roule, il est bientôt 14 h et l’on retrouve des forces cachée on ne sait où et l’on se paie le luxe d’accélérer ! On passe Avignon, apercevant le palais des papes perché sur son rocher.

On roule, on roule, il est 14 h, on a passé les 620 km à Villeneuve-lès-Avignon, 4 km plus tôt, on est heureux, on l’a fait !