17 février 2023
Avec Sébastien MANDRON et Nicolas HONORÉ
Je ne sais pas comment raconter cet abandon au bout de 1 jour et seulement 80 km sur un total prévu de 600 km…
La météo s’annonçait mauvaise avec vent pluie et neige mais Stéven le Hyaric, l’organisateur décida qu’on partirait quand même. Alors G0 ! 6 h, départ de Ourika pour une trace 600 gravel, ou 600 route, ou 350 gravel ou 350 route. Je pars avec Sébastien sur la 600 gravel.
Pendant les premiers 20 km à la lumière de nos frontales et des lampes de vélo on serpente entre les champs les villages, les ruisseaux pour débarquer sur la route qui monte vers Setti Fatma. Le vent qui était déjà très présent est maintenant accompagné de pluie. Puis il forcit à tel point que certains mettent pied à terre ou comme moi, sur une bourrasque font demi-tour involontairement…
A Sidi Fatma pause thé à la menthe. Petit bar dans le noir, sans électricité, un peu glauque mais ça nous change de la pluie et du vent. D’autres y sont déjà et un petit groupe de 7 se forme.
Puis on repart. On a fait 30 km depuis le départ. 30 km de route ou de chemin ruraux mais maintenant ça y est piste de montagne à pied. Sentier de randonnée. Raide et étroit. Pierres. Impossible de rouler. Même pour les VTT . On avance vers le sommet. 4 km à faire ainsi… Hors norme !!
Il neige un peu puis beaucoup. Les traces des vélos précédents s’effacent. On arrive quand même au sommet. Devinant la piste jusque là grâce au GPS mais ici sur le plateau du haut c’est le blizzard. Il neige. Il y plus de 40 cm de neige. Parfois même 60 et on s’enfonce. Impossible de bouger facilement. Julien , Sébastien et moi sommes à 30 m de la trace mais impossible de la suivre. On la voit bien pourtant. Il va falloir réfléchir à ce qu’on fait. Continuer vers où ? Faire demi tour mais notre propre trace qui aura disparue ? Puis on voit 2 cyclistes si on peut dire… qui sont dans le même cas que nous… à 5 on est plus rassurés ? Et surtout on voit passer un parapluie qui avance au loin mais qui ne nous entend pas et disparaît dans le blizzard. Signe positif ça ! Car cela veut dire qu’il y a de la vie pas loin. On avance dans 60 cm de neige vers cette ombre disparue puis on commence à entendre des cris, des paroles d’enfants. Et soudainement une bande de jeunes avec des pelles apparaissent et sont tout de suite à côté de nous. On ne comprend pas ce qu’ils disent mais prennent nos vélos. Nous indiquent de les suivre et on les laisse faire. On les suit. Pas le choix de toute façon…
30 minutes plus tard on est dans un village perché dont je ne sais même pas le nom. Nos vélos gelés et couverts de neige sont dans une casemate. Nous allons dans une autre. Notre groupe de 5 passe à 10 puis 14 puis 15. Le dernier arrivé, secouru, a eu une super frayeur. Il était seul sur la montée et ça commençait à tourner dans sa tête…
Bref superbe accueil par ce village sans chauffage, sans grand chose, mais assis tous autour d’un petit feu à l’intérieur de ces casemates, nos habits fumants de toutes parts se sèchent un peu. On nous offre le thé. Du pain. On reprend des forces. Il y a heureusement parmi nous Ali qui parle arabe et nous aide à trouver avec ces sympathiques habitants à retrouver par où repartir. L’idée fait son chemin. Nous marcherons sur la piste puis la route, toujours enneigée pour regagner Sidi Fatma. Et là-bas on décidera comment et surtout par où, continuer. Durant ce temps là nos 15 balises GPS n’arrivent pas à trouver un point de relais et Stéven ne sait pas où nous sommes. De même impossible pour nous de le prévenir. Ni lui ni personne. Mais le moral est là. Nous sommes plutôt bien ici mais il faut repartir… et on va donc remonter vers le haut du village.
Regagner la route après 15 minutes de grimpette raide sur neige. Puis la route survient. Hélas sacrément enneigée.. Les jeunes du village continuent à nous aider et portent parfois même le vélo sur leurs épaules pendant quelques mètres. Impressionnant. Sur la route on a encore, je ne sais pas, 15 km à faire ? Ce n’est pas la partie la plus fun qui commence. Pousser à pieds les vélos dans la neige c’est pénible. On force. Les chaînes déraillent je ne sais pas pourquoi. Nos protèges chaussures se retroussent par l’avant. Nos pieds sont trempés. On s’épuise et chacun prend petit à petit la décision qu’il partagera arrivés en bas à Setti Fatma.
On y arrive à 17 h 30. Cela fait depuis 9 h 30 ce matin qu’on pousse nos vélos… les cols des montagnes, les sommets sont fermés et il y a tant de neige que cela ne fondra pas avant plusieurs jours… Bref je veux garder un très bon souvenir de cette journée et je décide de rentrer au point de départ. Direction Ourika. Il fait nuit. Sébastien et moi disons au revoir aux 10 autres qui se sont arrêtés pour dîner d’une tajine dans le même restaurant que ce matin pour le thé. Il en manque 3 car il y en a un qui a crevé dans la descente et il est en train de mettre une chambre à air.
Le retour est tout en descente . Il fait nuit. Prudence sur ces routes mais arrivée tranquille aux Collines de l’atlas, notre hôtel. Ça fait du bien de retrouver Isabel et Elisenda qui n’ont pas pu aller à Ouarzazate comme prévu car comme c’est bizarre, les routes de montagne étaient coupées…
Au final abandon donc. Je ne suis pas un finisher. Je me dis que je vais me faire tirer les oreilles par @Stéven le Hyaric l’organisateur. Mais pas du tout. Vues les circonstances il comprend . Je ne suis pas le seul dans ce cas bien sûr. Très gentiment il me donne quelques idées de trace et c’est grâce à l’une d’entre elles que je reprends le vélo pour me rendre à Marrakech le lendemain.
Merci Stéven pour ce GravelMan. Je comprends que certains puisent être énervés par cette galère. Mais il a fait un énorme travail avant et pendant la GravelMan avec beaucoup de conseils et d’aides en temps réel.
Personnellement cela m’a confirmé que je n’aimais pas du tout le portage vélo. Ni même pousser un vélo à pied. Avec ou sans neige. Ce sera LE critère pour moi sur de prochaines aventures en gravel. Pas de marche à pied!
Et grand merci à Sébastien Mandron du VCN aussi, pour les photos.
Et grand merci à François Chaunut concepteur et fabricant de mon vélo. Avec tout ce qu’il a connu hier dans cette neige, tout roulait encore à merveille ce matin. Un vrai régal ce Tsomina !
C’est quoi l’intérêt de rouler en hiver là-bas ? Bcq de frais, de congés annuels perdus, d’énergie au final pour faire demi tour. Pourquoi pas organiser ces courses en avril ? Idem pour amr ? Ça fait réfléchir.
Une semaine avant cet évènement Andréa il y avait un soleil resplendissant.
Dommage pour nous car effectivement zéro intérêt à rouler dans la neige alors qu’on était parti pour rouler dans des déserts de pierre et de sable.