Les Traversées de France – La Réconciliation (2/2)

5 juin 2021. Jour 1. De Sainte-Mère-Eglise à Deauville

Pépères tranquilles.

Cotentin. Calvados.

Arrivés la veille en train (Frédéric, Jean-Baptiste, moi-même et bien d’autres) ou en voiture (Alex), depuis Paris ou Nantes, et partis ce matin à 5h18 de Coqueville à vélo, nous sommes enfin à Sainte-Mère-Église lieu de départ de cette Réconciliation 2021. Un autre bike-packer loge au même endroit que nous. Discussion la veille au soir. Il a un petit accent. Il fera la randonnée en solo. On le retrouve ce matin, il nous prend en photo et nous souhaite bonne route. Le reverra-t-on durant le voyage ? Comment s’appelle-t-il au fait ? Et d’où vient cet accent ? L’excitation du moment nous a fait oublier de poser tout un tas de questions évidentes car depuis des mois l’inscription est faite. Depuis des semaines on s’entraine. Depuis des jours on optimise notre barda. Dans quelques minutes on s’élancera. Objectif 1600 km environ. Frais et dispos comme quelqu’un qui se lève à 4h30 du matin nous validons notre premier check point au pied de cette si célèbre église de Sainte-Mère-Église (ne me dites pas que vous n’avez pas vu le film « le jour le plus long » je ne vous croirai pas). Depuis le clocher son parachutiste américain nous observe, nous sommes 66 d’après le Doodle à partir espacés en théorie de 10 minutes entre 6h10 et 7h45.

Mais revenons sur « La Réconciliation ». Ce n’est pas une course, bien au contraire ! Mais pour cause de covid, et de sécurité sur les routes, il est préférable d’éviter de rouler en pelotons trop serrés ; on ne sait jamais ! Et de toute façon 2 heures d’écart sur une telle distance c’est microscopique. L’idée est de faire une balade depuis la Normandie jusque Belfort en passant par les principaux lieux qui ont marqué notre histoire de France, d’Europe et du Monde durant les guerres de 1870, 1914-1918, 1939-1945 et même de revisiter quelques faits historiques imprimés dans nos mémoires à l’école (Valmy ! Varennes ! Napoléon 1er). Ça s’appelle La Réconciliation ! une idée géniale, un titre bien trouvé et qui sera synonyme de cette traversée de la France d’Ouest en Est à vélo. Avec au programme 23 checkpoints obligatoires dont il faudra ramener la preuve de notre passage grâce à un road book très bien fait de 44 pages.

Tous les détails ici : https://www.cyclo-club-montebourg-saint-germain-de-tournebut.com/longue-distance/2021/la-reconciliation/ .

 

Et merci au grand organisateur de cette manifestation Stéphane GIBON.

 

Alex, Fréderic, moi-même (et bien d’autres) feront cela en mode Pépères Tranquilles c’est-à-dire en moins de 193 heures, soit 8 jours et 1 heure. Ils appellent ce mode, la formule Baroudeurs. 200 km par jour. Une paille.

Jean-Baptiste (et d’autres) feront cela en mode Fusée à Réaction c’est-à-dire en moins de 138 heures, soit 5 jours et 18 heures. C’est la formule des costauds, la formule Randonneurs Mondiaux. 280 km par jour. Une énormité.

Premier matin :

Une légère brume nous accompagne ce samedi matin. Partis à 3 nous doublons quelques autres baroudeurs, pendant que  d’autres randonneurs nous doublent. Notamment au kilomètre 15, Jean-Baptiste. C’est la seule fois qu’on le verra en plus du départ, même si nous resterons en contact avec lui en permanence. Vive les réseaux sociaux.

Frédéric et Alex roulent devant. Alex roule avec un seul gant car il a pris 2 gants gauche. Original… Personnellement je me suis entrainé pour rouler au diesel cette année. Ne jamais forcer pendant 100 km telle est ma devise. Il faut ménager sa monture ? Les routes de campagnes normandes sont parfaites. Roulantes et calmes. Sans difficulté aucune. Puis petit à petit le soleil perce les nuages avant de rejoindre la mer.

Les premières bornes avec cette inscription « voie de la Liberté – 1944 »  défilent à nos côtés. Ca y est, on est en plein dedans. Ces premières étapes seront signées par le débarquement de 1944. D’autant plus qu’on est le 5 juin, veille du 6 juin 1944 donc (!) et que nous n’avons jamais vu autant de Jeeps américaines, de motos d’époque de la US MP ou de Tractions des FFL sur les routes… C’est un défilé permanent qui nous croise , nous double durant tout le week-end.

Puis les premiers cimetières militaires apparaissent à partir de La Cambe. Graves, en plein silence, et superbement entretenus (ce sera une constante dans ce voyage, qui entretien aussi bien tous ces cimetières ? chaque pays ?). Et pour celles et ceux qui en douteraient il y aussi des cimetières allemands. Ces hommes ces femmes sont tous morts pour leur Patrie. Honneur à tous ! Et c’est bien rendu.

 

 

 

 

Km 102. En haut des falaises, 4 pièces d’artillerie allemande gigantesques font face à la mer. Il s’agit de la batterie allemande de Longues-sur-Mer, premier checkpoint. Il y en a 23 au total. Les choses sérieuses démarrent…

 

 

 

C’est aussi le moment de croiser d’autres bike-packers qui sont sur La Réconciliation. Ces checkpoints agissent en fait comme des virtuels points de ralliement. C’est toujours ainsi. Nous nous regroupons ici pour mieux nous séparer juste après. Chacun va à son rythme. La bande de Thierry, Clémence et Joël est là. Pauses photos. Départ. « A+ ! À un de ces jours sur la route ! ». Sympathique ambiance.

Quelques kilomètres plus loin les estomacs commencent à grogner. Il est temps de se mettre en chasse d’une boulangerie. On y prendra nos habitudes de « midi » pendant une semaine. Arromanches est là justement. Un nom bien connu, haut lieu du débarquement où l’on voit encore parfaitement les vestiges d’un port artificiel construit par les alliés pour le débarquement. Devant ce spectacle d’il y a 77 ans, un sandwich au jambon, un coca, un dessert, 40 minutes d’arrêt, et on repart. Ne pas faiblir, il reste 100 km avant notre première étape Deauville.

Mais auparavant il nous reste 2 checkpoints.

Km 151. Monument Kieffer à Ouistreham en hommage à ce commandant de l’armée française et ses bérets verts, les premiers français à avoir débarqué avec les alliés en ce 6 juin 1944.

Nous longeons ensuite un canal qui mène au Pegasus Bridge (« le jour le plus long » vous vous souvenez ? ces planeurs qui atterrissent juste là?). Pont de structure métallique, haut-fait du débarquement, assailli par les Britanniques via des atterrissages de planeurs en pleine nuit. Il FAUT visiter cet endroit. Incroyable que des planeurs aient pu atterrir en un tel lieu. En pleine nuit surtout ! On y fera la rencontre de Chantal ma sœur et de Florian son mari, venus à notre rencontre. Sympathique moment. 5 minutes de pause…

Puis km 197, là-haut perchés sur les hauteurs de Deauville nous devons escalader un raidard de près de 15% pour découvrir la batterie allemande du Mont-Canizy.

 

Mais surtout Deauville est là. Première bière du finisher sur les planches de Deauville. Il est 19h00 on a le temps de profiter de l’hôtel et d’un bon repas avant de nous coucher tôt. Demain 230 km mais déjà aujourd’hui c’est champagne ou presque pour fêter le premier 200 de Frédéric cette année…

Les stats :

J1. 219 km 1481 m 23,3 de moyenne 12h31 de vélo dont 3 heures de pause.

https://www.strava.com/activities/5418425000

 

 

 

6 juin 2021. Jour 2. De Deauville à Blangy Sur Mesle.

Le vélo ce plaisir entier …

Calvados. Seine-Maritime.

2 checkpoints prévus, 230 km et un tracé le long de la côte plutôt plat. Nous décidons de lever le camp pas trop tôt. 6 heures fera l’affaire. Il fait bon rouler dans Deauville ce matin même si dès le départ une longue ascension nous réveille et nous réchauffe vite.

Nous traversons le port de Honfleur (et ses pavés !) encore endormi ; cela nous rappelle les quelques Levallois-Honfleur réalisés « dans le temps », avant que cela ne disparaisse au profit de Levallois-Cabourg puis… rien du tout. Dommage !

Direction Le Havre dorénavant avec une traversée sans camions ni voitures du Pont de Normandie. Agréable moment car même sur cette « autoroute », la vue est superbe sur la baie ; côté Sud Honfleur et côté Nord Le Havre. Et à cette heure de la journée on peut en profiter ; même si on ne s’en aperçoit pas en voiture ça grimpe bien !! Frédéric en profite pour accélérer de plus en plus ; il est dans son élément !

 

Arrivés au Havre accueillis par un chantier de grues, nous découvrons son architecture contemporaine post-guerre, qui est de plus en plus appréciée après avoir été décriée pendant de longues années. Cette ville vaut le détour je vous assure. A visiter sans a priori. Son homogénéité architecturale est unique.

Petit-déjeuner au pied de l’hôtel de ville. Sous un abribus. On y est bien ! Nous croisons quelques bike-packers qui nous doublent puis Alexandrine et ses 2 compères. Petit moment de discussion sur les pavés du Havre. Les pavés, on aime ou on n’aime pas. C’est bien connu… Ne lancez pas la discussion sur ce sujet sinon je vous emmène faire Paris-Roubaix !!

Le Mémorial britannique du raid de Bruneval au km 76 sera le premier checkpoint du jour. On y accède par de belles routes comme on les aime. Peu fréquentées, roulantes et paisibles. Puis après une longue descente nous terminons sur une portion gravel mais courte. Sentiers et herbes sous les roues juste avant de déboucher en haut de cette baie étroite qui se dévoile et où débarquèrent ces anglais.

Avec une fois de plus, un sacré courage…

 

Nous consignons la réponse à apporter sur ce checkpoint dans le road book et c’est reparti. Logiquement via une longue ascension pour sortir d’ici avant d’entamer quelques kilomètres plus loin une très rapide descente vers Étretat. Ah Étretat ! Qui ne connait pas ses falaises, son golf, son chemin des douaniers et sa chapelle tout là-haut là-haut ? Plaisir des yeux, plaisir des jambes, debout sur les pédales et enfin repos bien mérité autour de la chapelle Notre-Dame-de-la-Garde.

 

Nous avons parcouru 80 km il en reste encore 150, ne trainons pas ! Nous filons donc le long de la côte. De charmantes petites stations balnéaires défilent sous nos roues. Plus ou moins connues. Vaucottes. Yport. Fécamp. Les petites Dalles. Veulettes Sur Mer. Saint Valéry En caux. Veules Les Roses. Quiberville. Pourville-sur-Mer.

Et petite surprise sortie de nulle part, Sassetot-le-Mauconduit et son château qui a reçu la visite de Sissi en 1875 si on en croit le buste qu’on admire en passant par là.

 

Km 175 on déboule sur un chemin raide, tout en descente, sorti de nulle part, dans Dieppe. Checkpoint 5. Pause Café Coca Orangina. La bière ce sera pour plus tard. Il ne nous reste plus que 50 kilomètres ; le temps est parfait, soleil, pas de vent, ça roule d’autant plus fort qu’on quitte enfin les lacets le long de la Manche sur quelques chemins pour rentrer dans les terres. Et retrouver des routes bien roulantes. Fini le romantisme, faut arriver !

 

Km 230 on y est. Domaine de Penthièvre à Blangy-sur-Mesle. Très belle maison de maitre où nous sommes accueillis par le propriétaire qui nous offre le moulin pour y loger cette nuit nos vélos. Un moulin à eau d’époque, de toute beauté et dans son jus alimente toute la propriété en électricité. Remis en état de marche et célébré par France 5 récemment, c’est à voir !

Nous profiterons de cet arrêt pour faire un peu de mécanique. Mon vélo commence à craquer de plus en plus dès que je force un peu sur les pédales. La faute à qui ? Boitier de pédalier ? Moyeu arrière ? Cadre ? Pédales ? Tout y passe mais rien ne corrige ce bruit qui ne cessera de s’amplifier tout au long du séjour…

 

Le soir, because covid, nous serons obligés de diner chacun à une table, séparés d’un mètre alors que nous sommes seuls dans ce lieu mais les propriétaires insistent. Ils ont été contrôlés justement dans l’après-midi…

 

Les stats :

J2. 230 km 2372 m 22.3 de moyenne 12h37 de vélo dont 2h15 de pause.

https://www.strava.com/activities/5425214540

 

Lundi 7 juin 2021. Jour 3. De Blangy Sur Mesle à Roye.

Après la mer, les terres.

Seine-Maritime. Somme.

D’après le briefing de la veille, nous n’avons que 225 km à faire ce lundi et surtout moins de 2000 m de dénivelé. Donc piece of cake comme diraient nos amis de là-haut. Et surtout départ pas trop tôt, 6h suffira ; c’est royal. Nos hôtes nous ont laissé une machine à café, dehors il fait frais. Idéal.

Ces moments, ces premiers kilomètres sont un régal. Personne ou si peu. Il fait brumeux comme toujours et nous sommes bien équipés. Gilets jaunes et lumières arrières. On ne sait jamais, un automobiliste ou un camion mal réveillé ce n’est jamais très cool ni à croiser ni à précéder. Nous sommes dans notre rythme désormais habituel. Alex et Frédéric s’envolent. Je suis en mode diesel et je vois leurs lumières rouges arrières devant moi m’indiquer le chemin au cas où mon GPS Garmin préféré ne serait pas en forme.

 

Nous quittons la Normandie ; la Picardie avec ses briques rouges s’affirme de plus en plus. 1h30 plus tard, checkpoint 6. Un monument en l’honneur de 123 tirailleurs sénégalais assassinés par les nazis en juin 1940. Mais que venait-ils faire en cette galère ? Le monument est au pied d’un mur, peu visible et nous avons failli le rater. Sobre édifice, fleuri, bien entretenu, tout y est propre et net. Pas la peine de parler trop. Un regret de plus sur cette époque. Un merci de plus à ces hommes surtout.

 

 

À Airaines c’est l’heure du petit déjeuner. Nous avons roulé 40 km. Parfait. On s’arrête à une boulangerie avant de s’installer dans un café place de la deuxième division blindée ! On ne pouvait pas être plus dans le thème de ce voyage !

Ragaillardis, réchauffés et « englucidés » encore plus, direction Amiens désormais. Amiens qu’on sent s’approcher en croisant de plus en plus de cyclistes en petits groupes, signe habituel d’une ville de taille certaine dans les parages ! Puis le flot de voiture augmente, le soleil monte, premier arrêt tartines de crème antisolaire et après quelques détours Notre-Dame d’Amiens sa cathédrale nous fait face de toute sa hauteur. Elle est vraiment imposante. On devrait poser nos vélos pour la visiter. Oui on devrait… mais on file.

 

Et belle surprise nous quittons la ville via une voie sur berge magnifique : les Hortillonnages. Alex connait car il a visité cet endroit en famille et nous explique tous ces petits jardins maraichers, ces maisons jouxtant le canal. C’est paisible comme une balade à vélo et avec ce soleil, ce calme, aucune envie de rouler vite. On profite.

 

Mais ce soleil ne doit pas nous faire oublier qu’il y a 100 ans ici même se déroulait la bataille de la Somme. Et plus on avance, plus les cimetières, les mémoriaux et les trous de bombe gigantesques sont nombreux. Checkpoint 7 à Bray-sur-somme. Km 120. Mais impossible de s’arrêter partout sauf quand même dans le village de Fricourt devant un cimetière de 17 027 tués. Dix-sept mille vingt-sept morts !

C’est accessoirement le village où fut enterré le Baron Von Richtofen. Oui le célèbre Baron Rouge, « as » de l’aviation allemande de la première guerre qui abattit 80 avions ennemis dans cette région. Avant d’y trouver la mort à son tour.

 

Nous ressortons de Fricourt via notre premier vrai chemin Gravel. Sentier de pierres, ornières puis de plus en plus d’herbe sur le chemin. Beau à voir. Un tapis ? Hum… Rester attentif sur le vélo. Éviter les cailloux. Optimiser sa trace. Aller vite. Aller lentement. Surtout pas trop lentement. Prier pour ne pas crever. Ne pas freiner brutalement. Ne pas coincer la roue avant. Et ça s’arrête quand ? 2,5 km c’est peu mais c’est long… Pensées émues pour Patrick et Jean-Michel qui auraient adoré rouler ici !

La campagne est déserte, la végétation pousse, tout est vert tendre. Les paysages sont dénués de tout arbre, vallonnés et le soleil tape comme une brute mais on n’y pense pas. Nous sommes plongés en 1916. Bataille de la Somme. Ce n’est dorénavant plus qu’une suite interminable de cimetières militaires. De toutes les nations puisque s’enchainent des mémoriaux Anglais, Français, Canadiens, Irlandais, Allemands et même plus loin Sud-Africains. Mais pas Américains, pas encore et on révise notre histoire en roulant de front tous les 3. Pourquoi aucun mémorial Américain ? Et on se rappelle qu’en 1916 les Américains n’étaient pas encore entrés en guerre. On lira le soir même ce qui provoqua leur intervention 1 an plus tard en 1917.

 

Une courte pause est improvisée autour d’un cratère, d’un trou de mine gigantesque. 100 m de diamètre, 30 m de fond. Plusieurs panneaux racontent les histoires personnelles de soldats des tranchées. « Ça n’vaut pas la peine la guerre… » etc. On pourrait rester ici une heure tellement c’est prenant de se plonger dans ces bribes de vie.

Le nombre de morts est saisissant. Toujours indiqués à l’entrée. 7139 au Serre Road Cemetery. 2 426, quelques kilomètres plus loin. 5 500 ici. 72 244 à Thiepval.

 

  

 

Beaucoup de Stop and Go! Nous repartons via de très belles petites routes rurales et même quelques chemins en gravel. Dans une longue descente la statue du Maréchal Foch est vite dépassée. La Maréchal Foch vaut-il qu’on s’arrête devant sa statue ? Hum… à réfléchir… Nous nous dirigeons vers Péronne, la fin de journée est proche. Nous avons hâte d’arriver à notre étape du jour, Roye, car la veille au soir au moment de confirmer qu’on pourrait bien dîner sur place la personne avec qui j’ai discuté m’indique au contraire que rien n’est convenu en ce sens. Après quelques moments à discuter au téléphone je lui propose qu’elle fasse un repas simple du style salade de tomates ou melons, ensuite, spaghettis à la carbonara et pour finir fruits ou yaourts. Elle avoue : « effectivement ce n’est pas compliqué à faire : ». Je sens que c’est gagné. J’ajoute juste « si vous pouviez avoir quelques bières locales aussi ce serait impeccable ». Elle acquiesce. A voir si elle aura tenu sa promesse… On a hâte de « vérifier ».

 

19h30 on y est. Madame et Monsieur nous accueillent très gentiment. Maison de ville à plusieurs étages. Un étage est pour nous. Nos vélos sont dans le jardin. Il fait bon. Elle sort une grande bouteille de bière « Ch’ti ».  Nous allons ensuite prendre nos douches. Le repas est encore mieux que prévu. Elle a ajouté de la mozzarella et du basilic. Une autre grande bouteille de bière « Goudale » est déposée. Le plat de spaghettis est énorme. On va engloutir 2 baguettes environ. Nous nous régalons.

Monsieur est aussi cycliste. Nous partageons notre aventure avec eux. Ils viennent de Bretagne mais maintenant qu’ils sont dans la Somme ils sont dans une association qui recherche les anciennes tranchées de la guerre 14-18. Un de leurs aïeux se serait même battu ici dans la région. Ils enquêtent.

Le lendemain départ 5h00, Monsieur s’est levé pour nous laisser du café et sortir nos vélos. Charmante rencontre.

Les stats :

J3. 227 km. 1858 m 21.5 de moyenne 13h19 de vélo dont 2h45 de pause

https://www.strava.com/activities/5430270754

 

Mardi 8 juin 2021. Jour 4. De Roye à Sainte-Menehoulde.

270 km, arf !

Somme. Oise. Aisne. Marne.

La plus longue du périple. 270 km au programme et même s’il n’y a que très peu de dénivelé nous nous en méfions. Réveil 4h15, café 4h30, départ 5h00 après avoir mis un peu d’huile sur mon axe de roue arrière car les craquements sont de pire en pire. Est-ce que cela va s’améliorer ? Casser ? Essayons de ne pas y penser. Essayons…

Encore un matin brumeux et très agréable. Les routes sont faciles à prendre. Météo fraiche mais pas de vent. Une belle journée à venir avec 4 checkpoints.

 

Km 42, première pause au checkpoint à Rethondes carrefour de l’armistice du 11 novembre 1918 et de celle du 22 juin 1940 mettant fin à la première guerre mondiale et à celle de « 39-40 ». Toujours un peu dommage cette clairière car le wagon de la signature n’est pas du tout visible. Il est enfermé dans un bâtiment clos, protégé d’une grille et il faut être présents durant les heures de visites pour y pénétrer.  Il est 7h15… on passe !

De toute façon on connait l’endroit car c’est ici que les Singer, club de Levallois-Perret, organisent leur « randonnée du souvenir » annuelle chaque 11 novembre. A faire si vous ne l’avez jamais courue. Et en plus on a faim. Cela fait plus de 2 heures qu’on roule et c’est dans le pays des chips VICO (Vic-sur-Aisne donc) qu’on prend notre petit-déjeuner dans un café juste en face du château de Vic.

Après avoir longé l’Aisne nous remontons vers le Nord ; les routes deviennent plus rurales, tout en serpentant et sans personne. Idéales. Les cultures de betteraves, d’orge, de blé ou de colza nous entourent.

 Le revêtement est parfois un peu rugueux mais c’est sans effort qu’on arrive à Margival sur une route vallonnée que l’on quitte sur la gauche pour prendre un petit chemin en forêt. Le chemin s’appelle Wolfsschlucht 2. On arrive dans « la tanière du loup », on pénètre en territoire Allemand. On roule le long d’une succession de blockhaus bien cachés malgré leur taille, entre forêt et sentier. Ils se nomment Le Matz, Loano, Zucarello. Une voie de chemin de fer désaffectée est là. Elle a dû en transporter des hommes et du matériel durant la seconde guerre mondiale. Cette base était en fait un des lieux de commandement de l’armée allemande ; Hitler y a séjourné une fois en juin 1944. L’endroit est lugubre malgré le soleil qui monte de plus en plus mais il vaut le détour pour son côté historique.

 

 

Une fois sorti de cette « gorge du loup » nous abordons désormais un autre moment d’Histoire de 1917 : le Chemin des Dames. Guerre de position durant des mois. D’autres morts par dizaines de milliers. La route est longue, rectiligne et domine des plaines à perte de vue de part et d’autre. Une bande bleue continue ou discontinue est tracée sur le bitume. On devine loin devant nous un petit groupe de bike-packers dont on se rapproche petit à petit. Il s’agit de Alexandrine qu’on avait croisée à Dieppe. Elle n’a plus qu’un compère. Le troisième, son père, a pris quelques raccourcis car il n’est pas en forme. Puis c’est Thierry, Joël et Clémence qui nous doublent emmenés par la plus jeune des 3. Ils nous envoient ce petit vent frais des dépassements qui nous enrhume… mais quelques kilomètres plus loin leur rythme a décru. Ils papotent ils papotent… et c’est à notre tour de les enrhumer.

 

En tout cas lièvres ou tortues, peu importe car juste après le chemin des dames qu’on quitte après l’avoir suivi sur une dizaine de kilomètres, nous nous retrouvons tous -avec d’autres comme Pascal- au bas de la statue de Napoléon 1er. Nous sommes sur le site de la bataille de Craonne de 1814. C’est notre km 116, checkpoint 10, il est 11h20.

 

Nous repartons tous ensemble mais nos rythmes étant différents nous sommes vites séparés les uns des autres. Et une fois de plus seuls dans une campagne superbe et dénuée de tout trafic routier. Nous arrivons dans le Nord de la Champagne. Reims n’est pas loin mais on n’y passe pas du tout car la trace s’enfonce plein Est dans une campagne sans personne ou presque. Pause déjeuner sandwich à Cormicy dans la chaleur mais qui fait du bien. Petit signe de la main à la « bande à Thierry » tranquillement attablée sur une terrasse de bar dans le centre du même village un peu plus loin. Y’en a qui se la coulent douce non ?  

Il fait de plus en plus chaud ; nous viderons rapidement nos bidons et cet après-midi-là c’est de cimetière communal en cimetière communal que nous allons désormais nous rafraîchir dès qu’on peut. Notre route reprend par un passage longeant le canal de l’Aisne à la Marne. L’eau est verte comme dans les rivières des montagnes. Surnaturel mais bel effet visuel.

 

Nous avalons des kilomètres petit à petit. Nous enquillons de longues lignes droites. Ça use. Ces paysages de plaines à perte de vue donnent l’impression qu’on n’y arrivera jamais.

La monotonie des lieux est heureusement rompue grâce à de nouveaux mémoriaux dont le mémorial américain du Blanc-Mont, juste avant Sommepy-Tahure où l’érosion et l’herbe ont rebouché les tranchées d’alors. Le lieu est très bien mis en évidence. Nous nous baladons à l’intérieur pour mieux en profiter. Malgré les horreurs qu’il a connues, c’est étonnant mais cet endroit fait du bien, on aimerait se poser, se reposer, rêvasser et profiter de sa nature ombragée, calme.

 

Quelques kilomètres plus loin un monument gigantesque marque notre nouveau checkpoint. CP 11, Km 197, 16h25, c’est le monument aux morts des armées de Champagne. En honneur aux batailles de Champagne de 1914 à 1918. Nous sommes dans la Marne ! Ouvrez vos livres d’Histoire, c’est le moment !!

 

Il reste encore un checkpoint avant de terminer la journée. Nous avons parcouru presque 200 km, il est 16h30 et il nous reste 70 km. Nous sommes dans notre rythme, parfait. Mais auparavant je décide de baisser ma selle. J’ai mal au tendon d’Achille à la jambe droite depuis hier comme si je tirais trop dessus et je ne peux plus appuyer. Grâce à Frédéric qui a un jeu de clefs BTR en accès rapide je la rabaisse de 5 mm. Ce sera efficace immédiatement. Cela n’évitera pas un gonflement du pied et de la cheville de plus en plus et une tendinite au retour mais je me sens tout de suite mieux. Quelle bêtise d’avoir changé de selle auparavant, la baladant d’un vélo à l’autre, sans bien vérifier mes mesures ensuite ! Erreur de débutant !

 

Prochain objectif : Valmy ! Ha Valmy ! Toute notre enfance scolaire. Valmy, la Révolution, la victoire des Révolutionnaires face à l’Europe royaliste et conservatrice ! Et tout cela dans ce petit moulin qui apparaissait systématiquement dans nos livres d’Histoire de France. Hé bien, allons-y !

Nous quittons donc la Marne pour les Ardennes. Et surtout nous quittons le goudron pour un long chemin crayeux de gravel qui monte de plus en plus et qui débouche sur un site magnifique : la main de Massiges au sommet d’une petite butte surplombant toute la plaine avec des tranchées toutes blanches et saisissantes. Le site est en train d’être restauré et nous ne regrettons pas d’avoir suivi ce chemin de pierres. La vie autour des tranchées y est détaillée. Avec ses réserves d’eau, ses approvisionnements en tout genre, ses barbelés, ses piquets de bois. Très réaliste.

   

 

Puis après encore d’autres chemins en gravel et toujours au milieu de cette campagne quasi déserte, surgit Valmy. Et son moulin tout là-haut ! Année 1792, nous y sommes !

Km 257. Checkpoint 12. 18h53. On perd un peu de temps pour essayer de trouver un tampon d’un commerce local car à Valmy il n’y a plus aucun commerce… Mais le road book l’exige « tampon dans un commerce ». Ils sont marrants les organisateurs ! Ça fait combien de temps qu’ils ne sont pas passés par ici eux …

Nous discutons alors avec quelques habitants du lieu. Ils connaissent le maire qui lui, a un tampon. « Suivez-moi » nous lance une habitante. Elle monte dans son 4×4 et nous voilà tous les 3 à fond derrière cette voiture pour aller chez Monsieur le Maire. Maire qui nous attend devant chez lui, tampon, à la main. Plaf ! Plaf !  Roadbooks tamponnés. Celui-là, il vaut cher ! Qui l’aura vraiment ?! Merci les amis et en route pour Sainte-Menehoulde qu’on atteint à 19h45.

 

Le couvre-feu est encore à 21h00. C’est le dernier jour avant de reculer à 23h00, et donc il faut se dépêcher pour pouvoir diner à l’hôtel. C’est ce qu’on fait, après 270 km nous sommes superbement installés en terrasse. On récupère avec une pinte de bière ambrée Ardennaise. Quel beau moment !

 

En rentrant à l’hôtel, le hall s’est rempli de vélos. Une douzaine de bike-packers loge au même endroit apparemment… dont Thierry qu’on ne verra même pas. Chacun son rythme et ses horaires !

Les stats : 271 km 2126 m 22.3 moyenne 14h50 de vélo dont 2h40 de pause

https://www.strava.com/activities/5436071728

 

 

Mercredi 9 juin 2021. Jour 5. De Sainte-Menehoulde au lac de Madine.

Maurice Genevoix « Ce que nous avons fait, c’est plus qu’on ne peut le demander à des hommes, et nous l’avons fait ».

Marne. Meuse. Ardennes. Meurthe-et-Moselle.

Courte étape de 200 km mais un peu plus de dénivelé que d’habitude. Grasse matinée, départ à 6h00 à travers la ville qu’on laisse se réveiller sans nous. Puis sans prévenir quelques gouttes de pluie surgissent. On n’en croit pas nos yeux ! La pluie ! Au début très faible et de plus en plus insistante si bien qu’après 15 km de route nous nous abritons sous le porche d’une boulangerie de Vienne-le-Château. Il ne fait pas froid mais inutile de se transformer en éponge dès le départ. Impression d’inutilité à rester ici dès le départ car on n’avance pas et c’est trop tôt pour prendre notre petit-déjeuner. Que faire d’autre que patienter !! 30 minutes plus tard cela cesse ; nous repartons. Ce sera le seul moment pluvieux du voyage. Finalement, quelle météo superbe nous aurons eu, du début jusqu’à la fin !

 

Mais pour l’instant même si la route est détrempée nous pouvons continuer. Les premiers mémoriaux apparaissent. 4 849 tombes ici même. Décidément, « quelle c… la guerre ! » Vrai ? Faux ? se demande-t-on ! Nous sommes au beau milieu d’une région en feu dès 1915 (guerre des mines de la Haute-Chevauchée) puis de ce qui fut le front de la Meuse-Argonne c’est-à-dire là où se déroulèrent en 1918 les derniers affrontements entre Alliés, dont les Américains, et les Allemands. Entre forêts et plaines nous avançons.

Un long sentier de pur gravel, raide et en forêt nous réveille (comme si la pluie n’avait pas suffi) pour nous déposer sur le site de blockhaus « Kronprinz ».  Pied à terre pour visiter. Tranchées. Terre retournée recouverte de végétation après tant d’années. Blockhaus de différentes tailles. Silence total, respectueux, une fois de plus entre nous trois.

Et au moment de repartir voilà une tique que j’aperçois sur une jambe. Je la vois nettement. J’ai juste le temps de l’enlever avant qu’elle ne s’accroche avec ses dents de devant ! J’essaie de l’écraser sur ma jambe mais elle glisse, elle bouge, elle fuit et ouf, j’arrive à l’ôter avec nervosité. Frissons ! Inspection totale à prévoir ce soir…

Le voyage continue, nous sommes à Varennes-en-Argonne. Autre lieu ancré dans nos mémoires, autre temps de notre Histoire, Louis XVI !! Oui c’est ça Varennes, là ou Louis XVI a été arrêté au moment où il tentait de quitter la France en 1791. Une plaque nous rappelle brièvement cette journée. Après Valmy hier, voilà une belle surprise.

  Nous en profitons pour y prendre le petit-déjeuner. Pas de boulangerie ouverte (« ils ne sont jamais ouverts le mercredi ») mais le café du village nous propose des double-cafés et des muffins (prononcés « mu-faim » par le sympathique tenancier des lieux). Nous avons fait 37 km mais la région étant très rurale et avec peu de commerces à chaque ville traversée, qu’on préfère assurer et ne pas reporter à plus loin notre petit-déjeuner. Évitons d’avoir une fringale dès le début même si j’ai consigné par avance dans notre road-book pour chaque étape rurale les boulangeries existantes et à quel kilométrage. On n’est jamais trop prudent…

 

Quelques coups de pédales plus loin nous déposent à un des sites les plus grands qu’on ait croisé : le cimetière américain de Romagne-sous-Montfaucon. Le site est manucuré comme un golf et d’une taille impressionnante comme seuls les Américains savent le faire quand ils veulent justifier ou rappeler quelque chose. Pas étonnant que ce soit notre premier checkpoint du jour.

CP 13, km 57, 10h15.  Un mémorial à la hauteur de ses 14 426 croix. Nous y déambulons lentement tête à gauche, à droite, devant, derrière. Nous y sommes avec la bande à Thierry. Et même Alexandrine et son collègue qu’on croise en sens inverse (ils se sont trompés d’itinéraire, on les retrouvera plus tard mais dans le bon sens cette fois-ci…).

Nous partageons quelques fruits secs avant de nous en aller et de rouler ensemble parmi ces vallons verts et bucoliques. Température idéale. Paysages reposants. Moments qu’on voudrait faire perdurer au maximum tellement ces instants sont magiques à vélo.

Prochain objectif dorénavant : la Lorraine et surtout, Verdun. Ce nom résonne aussi dans nos têtes comme LE phénomène de 1916. On ne parle plus ici de dizaines de milliers de morts, mais de 300 000 morts. Verdun et ses tranchées. Ses bombes. Ses canons. Ses millions d’obus. Ses gaz. Ses attaques qui ne font en rien bouger le front. Étonnamment cette zone n’est pas très grande. En quelques kilomètres nous traversons une forêt qui a tout recouvert. Interdit d’y pénétrer, de pique-niquer ou d’y jouer au foot comme le signalent certains panneaux par moments !! mais les noms des sites sont évocateurs. Retranchement Abri MF2. Tourelle de mitrailleuse. Abri d’infanterie DV1. Batterie de la Fausse-Côte. Ruines du village de Vaux. Poudrière de Fleury. Batterie de l’hôpital. Batterie du tunnel. Abri DV4, VLL1 etc etc.

On s’arrête à la nécropole de Douaumont. Monument imposant, froid, brutal, tout en longueur, 50 m de haut. Ossuaire de 130 000 morts. Cent trente milles… C’est ici que s’étaient donnés rendez-vous Helmut Kohl et François Mitterrand en septembre 1984. L’image est restée célèbre car ils s’étaient donné la main en ce lieu. La Réconciliation dirait Stéphane… on y est ! La Réconciliation !!

 

Qu’elle fait du bien cette réconciliation car avec 100 ans d’écart, tout, ici, rappelle ces affrontements. Comme ce « point X des Éparges » en haut d’un plateau qu’on rejoint via une petite route forestière en montée et qui débouche sur un point de vue surplombant toute une vallée en contrebas, plein Est. L’histoire nous raconte qu’il fut assailli pendant des mois d’hiver de 1915 sans jamais être gagné. Par les Allemands ? par les Français ? Oui, par ces derniers mais peu importe.

Maurice Genevoix y était. Une statue à son nom nous le signale en redescendant au village des Éparges : « ce que nous avons fait, c’est plus qu’on ne peut le demander à des hommes, et nous l’avons fait ».

Nous sommes alors au km 133. Checkpoint 14. 15h16. Point X des Éparges.

 

Toujours aussi peu de monde sur les routes et nous continuons notre chemin ; il ne nous reste plus que 70 km et un CP à faire. Nous y arrivons vers 17h30 ; Il s’agit de la Tranchée de la Soif en pleine forêt du bois d’Ailly. C’est le moment opportun où, consultant nos WhatsApp, nous lisons un message de Jean-Baptiste qui est quelques centaines de kilomètres devant nous. Il est à fond car il doit boucler son périple en 5 jours mais il a quelques doutes sur l’emplacement de son diner du soir… Nous le localisons sur la carte. Étudions le dossier. A 3 on devrait y arriver ! Effectivement très peu de commerces ou de restaurants dans son coin. Nous lui conseillons de se détourner de 4 km pour une adresse qu’on a repérée. Il nous remercie et avisera en roulant pour finalement trouver lui-même une pizzeria sur sa route qui tombera à point pour le remettre en selle !

Km 170. CP 15. 17h50. Tranchée de la soif.

La fin de la journée est interminable. Il ne reste que 30 km et il fait très chaud encore. Nous décidons de nous requinquer dans un café à Saint-Mihiel où paisiblement installés, nous regardons les voitures passer ainsi que la bande à Thierry une fois de plus ! Ils s’arrêtent et cherchent un commerce pour leur dîner de ce soir. Bivouac au programme ce soir pour certains parmi eux.

 

19h30 nous arrivons à l’hôtel du Lac de Madine. La personne de l’accueil nous indique où sont nos chambres et nous conseille de laisser nos vélos dehors cette nuit dans un petit réduit derrière l’hôtel. Laisser nos vélos dehors la nuit à l’extérieur ? « Oui Madame » mais c’est vite vu, on sait déjà qu’on va dormir avec nos vélos cette nuit… à nos côtés… vous auriez fait quoi vous ?

 

 

Les stats : 201 km, 2273m, 19.8 de moy, 13h40 de vélo dont 3h30 de pause.

Cf https://www.strava.com/activities/5441841314

 

 

Jeudi 10 juin 2021. Jour 6. De lac de Madine à Sarrebourg.

Où les premiers D+ apparaissent…

Meurthe-et-Moselle.

Cette étape est celle que craint Alex depuis le départ. Il partage ses sentiments lors du briefing de la veille au soir. Nous avons roulé 5 jours, le 6ème le corps commence à fatiguer et en plus près de 3000 m de dénivelé nous attendent pour 235 km. Frédéric et moi partons sans à priori. Il y a 3 checkpoints au programme et la seule préoccupation au vu des contrées traversées c’est de ne pas se louper sur les endroits où nous pourrons prendre notre petit-déjeuner et le repas de midi. Dans mes notes j’ai une boulangerie au km 70 (petit-déjeuner donc) puis une autre au km 100 pour l’habituel sandwich de midi. Ça devrait aller donc !

Dans ma tête je me dis qu’Alex est le plus chevronné de nous 3 en termes d’expérience et de longues distances, j’ai donc une petite lumière qui s’allume : méfie-toi Nico ! Économise-toi bonhomme ! Le départ est donc prévu pour 5h00. Et comme les jours précédents, météo fraiche mais agréable avec une légère brume sur le très placide lac de Madine. Nous le longeons pendant un bon moment sur une piste cyclable très bien placée. Pas un chat. Rien. Le jour est levé depuis peu et de bonne humeur nous nous élançons.

Une fois éloignés du lac la route s’élève et nous louvoyons à travers les collines de la Meuse. Le soleil est encore rouge orangé. C’est un pur bonheur que d’avancer par ici.

40 km plus loin nous débouchons dans le village de Gorge. Il a l’air si sympathique ce village que nous décidons de quitter quelque peu la trace pour essayer de dénicher un café, une boulangerie, ce n’est pas prévu mais on ne sait jamais. Et la chance nous sourit puisqu’une boulangerie récemment installée est ouverte (nous avons remarqué depuis le départ que dans ces campagnes parfois dès 5h30 ces boulangeries sont ouvertes !!). Elle propose même des quiches bien appétissantes. Ça nous changerait des sempiternels pains au raisins, croissants ou pains au chocolat… il ne manquerait plus qu’un bar existe pour que ce soit une superbe pause ! Hélas point de bar ; le « café du centre » ayant fermé, « on n’a plus rien d’ouvert ici, quel dommage ! » nous susurre une habitante avec qui nous discutons. En revanche la petite maison de la presse possède une machine Nespresso et pour 3 euros nous propose 3 doubles cafés. Nous n’avons plus qu’à nous installer dans la rue principale et prendre notre petit-déjeuner… C’est-y pas beau la vie de bike-packer ?! Mais comme dirait Gwénaël « pause maxi 30 minutes… ». Bien vu Prof !!

Et c’est reparti vers le premier objectif de la journée, Gravelotte et son cimetière d’une autre guerre, celle de 1870 ! Nous sommes retardés à cause d’un accident devant nous qui bloque la route. Un sympathique gendarme nous ordonne de faire demi-tour ; « non personne ne peut passer, la route est fermée pour 2 heures ». Un modèle de diplomatie ce jeune homme. Restons calme. Demi-tour et comme nous sommes en forêt nous décidons de contourner l’accident en crapahutant à droite de la route, au début à vélo, puis à pied à côté du vélo et enfin avec le vélo sur l’épaule… mais surtout à l’écart des pompiers et du gentil gendarme pour déboucher 200 mètres après l’accident. Ouf ! La bande à Thierry fera de même quelques instants plus tard, nous le saurons via quelques photos partagées sur le WhatsApp. Les grandes idées se rencontrent toujours !

Checkpoint 16. Mausolée Allemand de 1870. Km 49. 8h40.

Il est l’heure maintenant de partir pour un haut lieu de la dernière guerre : la ligne Maginot. Nous sommes toujours en Moselle et c’est au fort du Hackenberg plus précisément qu’on en découvrira son entrée. Nous ne pouvons nous permettre de le visiter. Dommage car derrière ce bloc de béton énorme ce sont des galeries souterraines de plus de 10 kilomètres qui forment tout un front tourné vers l’Allemagne. La ligne Maginot on en a tellement entendu parler (une fierté de l’armée française, jamais utilisée sauf par les Allemands eux-mêmes contre les Américains…). Bref, il faudra revenir.

 

Il fait très chaud, même très chaud. On s’approche de midi. Nous repartons via ces habituelles petites routes entre vallons et collines. Peu de villages, peu de commerces, ne nous faisons pas avoir, surveillons les boulangeries !

Le village de Monneren sera le bon. Il fait d’ailleurs tellement chaud qu’on demande si on ne peut pas rester dans la boulangerie pour manger. Les sandwichs sont excellents. Nous engloutissons le tout avec des Perrier ou du Coca. On nous remplit aussi les gourdes avant de repartir tous ragaillardis, mais je fais l’erreur de choisir de garder mes manchettes pour me protéger de ce soleil au lieu de me badigeonner de crème solaire. J’ai encore plus chaud ainsi. Je ne m’en rendrai compte qu’en fin de journée. Trempé sous ces manchettes au moment de les enlever, j’aurai toute la journée, dépensé de l’énergie pour le vélo certes, mais aussi pour rafraichir le corps. Une bien mauvaise idée…

 

A Morhange, juste après le dernier checkpoint de la journée, CP3, cimetière allemand de 14-18, nous décidons de faire une halte. Il est 4 heures, pause goûter dans un salon de thé, confortablement assis sur la petite terrasse du trottoir, nous partageons cette aventure cycliste avec nos voisins. On récupère. Il fait un peu moins chaud. Il ne reste plus que 60 km, la région est belle avec ses couleurs vert tendre printanières ; ça devrait aller.

Mais l’arrivée à Sarrebourg, accompagnés des premières cigognes, au bout de 230 km sera pénible. Il faut en permanence relancer la machine et ça use. Heureusement la réparatrice pinte de bière blonde à l’hôtel est revigorante à souhait !

Alex aura eu raison de se méfier de cette étape ; lui aussi a souffert. Seul Frédéric vogue de jour en jour de record en record avec facilité. Il est en grande forme, son entrainement a payé et cela se voit. Il est bien souvent devant !

 

 

Les stats : 234 km, 2785m, 20.1 de moy, 14h30 de vélo dont 2h50 de pause.

Cf https://www.strava.com/activities/5447538169

 

 

Vendredi 11 juin 2021. Jour 7. De Sarrebourg à Munster.

Une vraie étape de montagne.

Moselle. Vosges. Haut-Rhin.

5 cols au programme. 3 500 m de dénivelé sur une courte distance de 170 km.  Le profil est clair et net, ce jour il faudra prendre patience et s’économiser dans les ascensions.

Départ 6h et pour la première fois nous pouvons prendre notre petit-déjeuner sur place car tout est déjà installé. Autant prendre des forces dès à présent car nous sommes au pied du massif des Vosges et nous allons le traverser du Nord au Sud, dans toute sa longueur pour basculer le soir en Alsace à Munster. Sur la carte cela donne l’impression qu’on va être dans les bosses en permanence. Dès le début la météo est parfaite, un peu de fraicheur, pas de brouillard et un ciel bien dégagé. Une magnifique étape en perspective avec ces routes de montagne comme on les aime. Et 2 checkpoints.

Nous nous élançons sans forcer même s’il faut se chauffer fissa-fissa car 40 km d’ascension sont prévus jusqu’au premier col. Heureusement le revêtement de la route est parfait, voire tout neuf et, petit à petit, la forêt se fait de plus en plus présente.

Nous sommes en forme, le premier col est franchi sans problèmes. C’est tellement agréable ce matin que nous avons retiré bien vite nos coupe-vents. Sur la route, pas un chat jusqu’au premier checkpoint. Nous sommes maintenant en Alsace. Il est 9 heures. Premier chemin gravel de la journée pour nous déposer au CP 19, Km 44, nécropole nationale de Grandfontaine « le Donon », du nom de la bataille de Donon d’Août 1914. Un millier de morts de chaque côté…

Pascal B nous rejoint devant ce mémorial. Nous repartirons ensemble pour partager la route jusqu’au village de Schirmeck au-dessus duquel est suspendu le très moderne musée mémorial d’Alsace-Moselle. Il est consacré à l’histoire de cette région, tantôt Allemande tantôt Française depuis 1870.

 

Après avoir repris quelques forces nous repartons pour 25 km d’ascension vers le second col du jour, le Champ du Feu 1099 m. La montée est longue, chacun à son rythme. Frédéric s’en va devant vers les sommets. Alex et moi derrière. Avec un arrêt saisissant au km 70 où surgit d’un seul coup le camp de concentration de Natzweiler-Struthof. Camp de travail, camp de transit, camp d’exécutions, camp d’extermination. Toute l’horreur y est. Chambre à gaz. Potence pour exécutions par pendaisons. Barbelés infranchissables. Portail de poutres noires et de câbles enchevêtrés qui donnent la chair de poule. Le site est très bien mis en évidence une fois de plus. Avec le camp tel quel, inchangé, tel qu’on l’imagine à cette époque. Et un mémorial gigantesque qui domine toute la vallée. Nous nous y arrêtons un long moment. Encore un lieu qu’il faudrait revenir voir et visiter avec plus de temps.

 

Le reste de la journée est une de ces journées comme on les aime à vélo. Il fait un temps superbe, il y a peu de voitures autour de nous et la montagne en cette période est très agréable. Les ascensions sont longues, on est vraiment en montagne, mais elles passent bien et même si nous circulons les uns à la suite des autres, à notre rythme, nous nous retrouvons aux sommets. Personne ne fait la course. Nous n’avons qu’un seul objectif : jouir de ces journées après tant de mois à préparer l’aventure. Certes il y a des checkpoints et nous ne voulons pas arriver tard le soir. Mais quel plaisir de faire cela sans trop de contraintes de temps, sans stress du chrono et en bonne compagnie ! Étonnamment ce vendredi nous ne rencontrerons que peu de bike-packers. Depuis Pascal ce matin, plus personne…

Le point le plus haut, la tour du champ du feu, 1099 m, est atteint vers 12h15. Rien de très beau à voir. Une tour sous échafaudages. On passe avant de filer sur une descente de 15 km qui nous dépose à Villé. Idéales ces descentes pour avaler des kilomètres sans effort… Et en bas ça tombe bien car il parait qu’il y a un bon vélociste qui pourra peut-être regarder mon vélo… Mais non, ça tombe mal car il est près de 13h00 et tout est fermé… Pas grave ! On en profite pour dénicher une petite boulangerie (qui ferme juste derrière nous…), s’installer sur une des places du village et déjeuner à l’ombre. Nous partageons le fait que Villé est bien en Alsace. Il suffit de regarder les façades des maisons, typiques avec leur couleur pastel. Vert, ocre, jaune, rose, bleu. On y est bien même si les températures augmentent de plus en plus. Séance crème solaire indice 50 et on « sonne le boute-selle » !

Après Villé nous avons encore 3 cols à grimper. 600 m, 860 m et 965 m avec à chaque fois redescente jusqu’à 200 m dans la vallée. On enquille donc l’ensemble à un bon train. L’étape est courte, 170 km et ça nous change des 200+ des journées précédentes.

 

Puis en fin d’après-midi la forêt se fait plus étroite, la route plus sombre et nous retrouvons quelques mémoriaux, croix souvenirs et cimetières avant de déboucher sur le Linge. 1915 les tranchées de nouveau. Barbelés, canons à obus, hommages à tous ces morts. Il est écrit que ces tranchées étaient occupées par des Français et des Allemands à quelques mètres les uns des autres. Sans faire bouger le front ; pendant 4 ans. Est-ce vrai ? Comment est-ce possible ?

Nous sommes au checkpoint 20. 18h59. Km 157. 10 000 morts. Dix mille…

 

A partir du Linge nous quittons la trace officielle pour Munster où nous dormirons. Une drôle d’idée en réalité car nous allons prendre une très belle descente qui domine la vallée, bien pentue par endroits pour ensuite, le lendemain matin, la reprendre à froid en sens inverse ; et repasser au Linge !! Encore une erreur de débutant ! On aurait très bien pu se passer de cette ascension à 8% de moyenne… Quoi qu’il en soit nous arrivons à Munster et ses cigognes très nettement visibles sur les toits de la ville.

Cuisine locale ce soir avec tarte au Munster, bière Alsacienne et vin d’Alsace ? ! Non, là on n’a pas osé pour le vin… Mais on aurait dû car il ne nous reste plus qu’une étape !!

Les stats : 169 km. 3 380 m. 16.6 de moy. 13h22 de vélo, 3h15 de pause.

https://www.strava.com/activities/5452773283

 

Samedi 12 juin. Jour 8. De Munster à Belfort.

That’s all folks !

Haut-Rhin. Territoire de Belfort.

Le Grand Ballon d’Alsace, la Route des Crêtes, et le Lion de Belfort. 3 sites et 2 checkpoints pour ce dernier jour qui parachève en beauté cette traversée de la France si originale et si intéressante.

Le profil du jour est parfait. C’est en plus l’étape la plus courte, avec 140 km qui commenceront par une ascension pour rejoindre le plateau puis pour longer toute cette chaine montagneuse sur sa célèbre route des crêtes avant de descendre dans la vallée plein Sud pour atterrir à Belfort. Seul petit bémol, nous sommes samedi, il fait très beau et cette touristique route est très courue en week-end. Cela ne va pas rater ! Motos et voitures vont nous doubler, nous croiser toute la journée ! C’est notre faute ! Si on avait pris la formule 5 jours on serait déjà arrivé… Mais ça, ce sera quand on sera plus grand !!

 

On démarre pour s’arrêter 1 km après… et garons nos vélos devant « Hopla vins » belle boutique locale. Il est 6h et une boulangerie est déjà ouverte. Ne prenons pas de risques, autant prendre des forces dès maintenant.

Surtout que nous avons cette ascension du Hohroderg à faire à froid ! 9 km à 8%.

 

Une fois réchauffés nous nous retrouvons sur le site de la veille, le Linge. Nous y croisons Gunar qui s’affaire autour de ses disques de freins. Problème de plaquettes. Gunar roule seul, il n’a pas besoin d’aide nous dit-il. C’est la seconde fois qu’on le voit. Il était dans le même hôtel que nous le tout premier jour à Coqueville et nous ne l’avions plus revu depuis lors ! Nous repartons ; toute cette journée nous allons le croiser à plusieurs reprises !

Nous ne sommes pas encore sur le plateau et la forêt dévoile le Lac Noir puis le Lac Blanc. Belles étendues brillantes en ce petit matin. Eaux bleutées par le ciel et immobiles. Personne. Pas un bruit. Nous traversons une terre d’alpages, on s’endormirait presque quand surgissent 2 raidillons à près de 15% ! De si bon matin ça réveille dur !! Puis ça se calme, et la trace nous fait dévier sur un sentier Gravel. Ce détour de 5 km est prévu pour nous envoyer vers la Nécropole nationale du Carrefour Duchesne. Très joli cimetière parmi les sapins. 408 morts, tous durant la nuit de Noel 1914. Inutile de dire pourquoi mais on fait une pause sans mots. On lit son histoire. Tout simplement.

A partir de là nous quittons la quiétude de ces lieux pour suivre la route des Crêtes. Col de la Schlutz pause pipi, Markenstein on roule cool, Grand Ballon on y va. Entre Vosges et Alsace nous louvoyons sur cette haute route qui à l’Est se tourne vers la plaine des vins d’Alsace et de l’Allemagne. Et à l’Ouest vers les vertes contrées et vallons des Vosges. Mobiles-homes, voitures, motos, vélos nous accompagnent dans les deux sens. Nous sommes loin des presque désertiques paysages des journées précédentes… mais le panorama est magnifique.

Cela dure près de 45 km ainsi. Nous avons le temps d’en profiter. C’est vraiment une région à visiter. Pistes de ski de piste comme de fond, chemins de randonnées à pied ou en VTT. Tout y est. De nombreux espaces permettent aux visiteurs de se garer et de profiter du site.

 

A midi après une rapide pause déjeuner sur une terrasse surplombant la vallée nous arrivons au plus haut sommet des Vosges : le Grand Ballon d’Alsace. Le radar de l’aviation civile posé en son sommet se voit de loin, la dernière montée est raide et tape les 10% mais ça y est 1325 m ! Sur les derniers 500 m les cyclistes locaux nous dépassent, appuyant plus fort sur les pédales à l’approche du sommet ; c’est exactement ce qu’il faut à Frédéric qui se met en danseuse, debout sur les pédales et leur colle au train malgré ses 7 kilos de bagages… Ah il a la forme Fred !! Super forme !!

Arrivés là-haut la vue est sans fin. On voit parait-il à plus de 100 km. Toute la plaine d’Alsace est là. On comprend pourquoi un tel radar a été construit par ici. C’est aussi la fin de la route des crêtes et nous allons entamer une descente de près de 22 km, passant de 1300 m à 300 m. Cela va nous faire sortir de cette zone montagneuse pour rouler sur du plat de chez plat. Un autre visage de l’Alsace avec même les premiers coteaux de vignes au Vieux-Thann. La descente est rapide, on se laisse porter pour profiter. 20 km ainsi c’est un bonheur absolu surtout quand la route rend bien.

 Au milieu de la descente nous nous arrêtons à notre avant-dernier checkpoint : Monument National du Vieil-Armand dit de Hartmannswillerkopf. Km 80. 13H00. Le site est très vaste et aéré. Nous avançons à vélo sur cette belle esplanade jusqu’à l’entrée du Musée et plus loin derrière. Il s’agit d’un cimetière militaire de la guerre 14-18 ici dans le Haut-Rhin et fait partie des 4 monuments nationaux de cette guerre avec Douaumont (Meuse), Dormans (Marne) et Notre-Dame-De-Lorette (Pas de Calais). Site très original avec un musée et un autel de la Patrie tout en bronze surmontant le cimetière en contrebas. Portant les armoiries de grandes villes de France il rend bien hommage aux 25 000 morts ici-même entre 1914 et 1916.

 

Au km 100 la trace nous renvoie vers la montagne. On se demande pourquoi car il ne nous reste plus que 40 km et finir tranquillement jusqu’à Belfort aurait pu être une possibilité… Mais c’est la surprise du chef qui nous attend avec le col du Hundsruck. Pas très haut, 748 m, pas long, 6 km, mais avec de sacrées pentes par endroits, 13 puis 15%. Cela nous fait jeter nos dernières forces dans la bataille et l’arrivée au sommet est un moment de pause bien mérité !! Gunar atteint le sommet en même temps que nous, et on continuera un bout de chemin ensemble.

 

« Ça sent l’écurie » à partir de là… 35 km c’est si peu et pourtant ils seront longs. Alex et moi n’avons plus de jus. On traîne. Sur une côte à 2% je me surprends à rouler à combien ? 12 km/h 14 km/h max ? Bref, panne d’essence mais rien de grave la route est toute plate voire plutôt en pente douce. Nous traversons une forêt très agréable, il fait bon, peu de monde sur ces routes de campagne. Le vélo dans toute sa beauté !

Puis 16h22 Territoire de Belfort et enfin le Lion de Belfort ! Il est là, devant nous ! Nous avons réussi ! Avec nos barbes de 8 jours nous y voici.

 

Nous retrouvons Stéphane et d’autres rouleurs sur la place d’armes de Belfort. Une ou plusieurs tables (6 par table max, covid oblige) sont bloquées. Gunar arrive. Puis Clémence, Joël, Thierry, Alexandrine etc.

 

CP 22. Km 1750. Belfort. 16h55. La bière du finisher n’a jamais été aussi bonne !!

 

 

Les stats : 141 km. 2 536 m. 12h03 de vélo. 3h30 de pause.

https://www.strava.com/activities/5458169611

 

 

Epilogue :

Quantitatif : 1693 km, 18 631 m de dénivelé positif, 7 jours 10 heures 20 minutes. Et 23 cols.

Qualitatif : météo parfaite ! On a eu une sacrée chance car même le vent s’est apaisé cette semaine. Trajet vraiment très agréable. Peu de grosses villes à traverser avec ces zones commerciales ou industrielles déprimantes. Et dans les campagnes, hormis quelques portions longues et rectilignes, on ne peut surtout pas se plaindre.

Gravel or not Gravel : Nous avions décidé de prendre toutes les routes et chemins du programme. Nous les avons tous faits sauf une seule portion à la fin qui était vraiment très VTT avec des pierres vraiment tranchantes ; et je ne sais pas combien de kilomètres cumulés cela donne, je dirais 25 km donc très peu, mais il faut y être préparé. Mentalement et physiquement surtout avec ces kilos de bagages avec nous. Nous le savions donc aucun problème surtout que cela met un peu de distraction, surprise, sur la route. Mais il faut y être préparé !

Intérêt historique du circuit : une évidence, c’est une réussite. Nous avions tous un jour voulu aller visiter ces endroits, rouler sur certaines routes (Chemin des Dames, Ligne Maginot, Verdun, plages du débarquement de 1944 etc) et une excellente surprise avec Valmy ou Varennes. Ou même Craonne et Napoléon Ier. Sans parler de cette tanière du loup dont je n’avais jamais entendu parler.

Compagnons de route : excellents. Merci à Alex et Frédéric ! Et aux sympathiques rencontres de-ci de-là. Pascal, Gunar, Alexandrine, Thierry, Joël, Clémence…

Et maintenant : Rendez-vous l’an prochain sur « les chemins noirs » de Sylvain Tesson ? A vos lectures..

Nicolas HONORÉ, 10 juillet 2021.

PS : merci à Stéphane Gibon pour son road book et tous les détails historiques qu’il a relatés. Je m’en suis servi pour réviser notre Histoire de France et situer dans le temps, dans l’espace notre aventure. Bravo pour ton travail de qualité Stéphane !

PPS : Inutile d’emporter la batterie externe Garmin car le 1030+ tient largement une journée.

PPPS : Le radar arrière Varia Garmin tient une douzaine d’heures en mode radar clignotant. Très pratique pour surveiller et prévenir les voitures qui sont derrière nous. Bonne surprise. Un indispensable pour moi.

PPPPS : La trace GPS via la balise SpotGen4 est très efficace. Aucun problème d’autonomie avec les piles. A noter quand même le nombre de points qui est limité à 500. Il faudra que je me méfie car avec 500 points une trace de 1700 km en 8 jours ça ne tient pas. Réglages à modifier pour la prochaine fois.

 

PPPPPS : Il est primordial de tester l’ensemble de l’équipement avant le jour J. Et plutôt nettement avant le départ. Un ennui mécanique, un objet majeur qui manque ou autre, oui cela peut toujours arriver. Mais il faut anticiper et préparer au maximum. Personnellement cela m’aurait sûrement évité de galérer avec les craquements de mon vélo même si au final rien n’a cassé ! Big ouf !! Cela m’aurait aussi éviter d’emporter une lumière avant de fortune qui ne pouvait même pas se fixer sur mon vélo ! et cela aurait peut-être éviter à Alex de venir qu’avec un seul gant…

A noter que les personnes qui ont des freins à disque emportent généralement un jeu de plaquettes de rechange (ou les changent systématiquement avant le départ). Ça ne pèse rien et si le parcours cumule beaucoup de dénivelés, elles peuvent s’user plus rapidement que d’habitude.

PPPPPPS : L’équipement à emporter est un roman à lui seul. Il n’y a pas de liste idéale. Une littérature impressionnante existe sur ce sujet sur internet et Youtube. En plus c’est très personnel et varie en fonction de ce que vous pouvez supporter ou pas. Exemple me concernant :

Dans ce que j’avais emporté :

2 maillots d’été. J’aurai pu en emporter qu’un seul car j’ai pu faire quelques lessives certains soirs. Et la météo fut clémente…

Batterie externe pour charger GPS ou autre. Jamais servi mais j’ai une fois oublié de recharger mon téléphone. Je l’ai rechargé sur le vélo de Frédéric car je n’avais pas équipé mon vélo des câbles spécifiques de recharge…

Barres énergétiques. J’en consommais très peu. Une à deux par jour car nous nous sommes bien alimentés en s’arrêtant en route. J’avais quand même une petite sacoche de cadre remplie de noix de cajou, raisins secs, graines etc. Mais si notre but avait été d’aller vite, ces arrêts nous auraient handicapés sur le chrono. Pour rappel le temps de pause quotidien tournait autour de 3 heures.

PPPPPPPS : Nos montures.

Le Cannondale Synapse de Frédéric :

Cadre Carbone. Pneus GP5000 Tubeless 28 mm. Sacoches Apidura. Selle Prologo. Roues carbone artisanales Softwheel. GPS Garmin 530. Lumières AV Klamp EXR100, AR Cateye. 7 kilos de bagages.

 

Le Specialized Roubaix d’Alex :

Cadre carbone. Pneus à chambres 28 mm. Sacoche arrière Apidura, sacoche avant Acepak.  GPS Garmin 1030+. Roues DT Swiss. Lumières AV et AR Décathlon. 4 kilos de bagages.

 

Le mien, FOCUS Cayo :

Cadre carbone. Pneus GP5000 à chambres 25 mm. Sacoche Tailfin. Prolongateurs Sonic Ergo35. Selle ISM. GPS Garmin 1030+. Roues carbone artisanales Softwheel. Lumière AV : aucune, AR : Radar Varia Garmin. 4.5 kilos de bagages.