Première Flèche Vélocio

Cette année je me suis lancé dans la longue distance à vélo alors pourquoi ne pas faire la Flèche Vélocio ? Rouler 24 h sans jamais s’arrêter plus d’1 h 30 et faire au moins 360 km, ça semble un bel objectif alors que je n’ai jamais fait plus de 250 km et n’ai jamais roulé plus d’une heure de nuit.

Coup de chance, Catherine me propose d’être le cinquième dans son équipe, montée par l’US Métro, et où l’un des membres vient juste d’être forcé d’abandonner. Seulement voilà, ils ont prévu de rouler 620 km en 24 h, sans les arrêts ça fait quand même une moyenne de plus de 30 km/h ! De bel objectif ça devient un beau défi ! Mais j’accepte, l’occasion est trop belle, même si je ne sais pas trop dans quoi je m’engage.

Dans l’équipe, côté rouleurs je connais bien Catherine et un peu Philippe Huet notre capitaine, mais je ne rencontre Carlos et Olivier que plus tard lors d’une soirée de préparation chez Philippe, quelques jours avant le départ, je ne sais pas comment ils roulent, quel est leur niveau, si je serais à la hauteur. À la même occasion je rencontre aussi Nicolas, un de nos deux suiveurs avec Bernard et nous accompagnera tout au long de l’épreuve pour nous préparer les ravitaillements et transporter notre matériel. J’apprends plein de chose pendant cette réunion, notamment que les arrêts seront très rapides, qu’il ne faudra surtout pas perdre de temps et faire un maximum de kilomètre pendant ces 24 heures, clairement on n’y va pas pour se promener. Mais Philippe et sa femme nous ont préparé un très bon dîner, je me régale et j’oublie mes inquiétudes.

Le jour dit nous nous retrouvons tous à 9 h au Plessis-Robinson où l’on découvre avec stupéfaction le van qu’on a loué sur OuiCar. On a tous la même question en tête : est-ce que cette épave va tenir le coup sur les 1500 km aller-retour ? Au moins une chose est sure au vu de l’état de la carrosserie on ne risque pas de se faire embêter pour une rayure en rendant les clefs… 
Enfin, pas le temps de tergiverser on embarque les vélos, les bagages, le materiel et en route pour Troyes ! 
On arrive à 11h28 mais le restaurant et fermé petit stress on un planning serré, mais le temps de faire le tour pour trouver une entrée et c’est ouvert : la porte s’ouvre automatiquement à 11h30 pile devant une serveuse étonnée de nous voir tourner autour du restaurant comme ça ! On déjeune, surtout des glucides, on fait un peu plus ample connaissance, et on pars pour notre ligne de départ : la pancarte de sortie de Saint-Julien-les-Villas à 10 kilomètres de là.

Juste avant le départ

La veille j’avais comme les autres préparé soigneusement mes affaires et comme les autres mis dans une grande boîte en plastique tout le matériel auquel j’avais besoin d’accéder rapidement pendant l’épreuve. Par contre conteraient aux autres j’avais emballé mon vélo dans une valise de transport que j’utilisais pour la première fois et qui m’avait contraint à démonter les deux roues, le cintre et la selle. Gros stress, le temps passe, j’ai besoin de plus de temps que les autres pour tout remonter et la marque que j’avais faite sur ma tige de selle n’est pas très visible : est-ce que je l’ai remise à la bonne hauteur ? Il vaudrait mieux parce que sur plus de 600 km ce genre de détail ne pardonne pas… 
Dix minutes avant on est tous au départ, on prend quelques photos tandis que les minutes passent lentement en attendant 14 h pile…

Le compte à rebours est lancé !

Enfin on s’élance ! Il fait beau mais malheureusement on a le vent dans la figure, il ne nous quittera pas jusqu’au premier ravitaillement 84 km plus loin. Malgré tout le groupe roule vite et fort sans avoir eu le temps de se chauffer, on est à 32 km/h en faisant des relais très rapides pour s’exposer au vent le moins longtemps possible. Je n’ai pas l’habitude de partir d’enchaîner les relais comme ça, je fais des erreurs et je peine alors que Catherine semble avoir mangé du lion. Même si rapidement je me mets dans le rouge, je ne veux pas être inutile, je prends mes relais comme tout le monde, je m’accroche. Mais je me dis que ce n’est pas possible, que je ne vais pas tenir 24 h comme ça, et je vois se rapprocher s’approcher l’horrible perspective de devoir abandonner, de devoir finir la flèche dans le van alors qu’on est juste au début. Je suis tellement crispé sur mon vélo que je n’ai pas le temps de manger ni boire, mauvais calcul, et que mes lombaires me font mal. Mes compagnons de route voient bien que je peine et me disent de rester abrité, de ne plus prendre de relais. Je rechigne parce que je veux faire ma part du travail, mais rapidement je suis bien forcé d’accepter. J’en profile pour me restaurer et m’hydrater. J’étais à plus de 82 % de ma fréquence cardiaque max, mais ça redescend doucement à 70 %, rapidement j’essaie de reprendre des relais mais c’est trop tôt, ça remonte tout de suite, alors je prends mon mal en patience jusqu’au ravitaillement de Nuits-sur-Armançon ou l’on arrive avec 7 min d’avance sur le programme, malgré le vent de face !

La nuit tombe…

Vite, vite, on mange, on boit et l’on repart après que Catherine m’ait forcé à mettre un Guronsan dans mon bidon pour me donner un coup de fouet. Et là, je ne sais pas si c’est que je suis enfin chaud, que j’ai bu et mangé ou le Guronsan mais ça va beaucoup mieux, j’ai repris du poil de la bête, on roule vite, on fait des relais plus longs vu qu’on a plus de vent, et j’en fais largement ma part. Pourtant ça grimpe un peu pour arriver à Sombernon, le point culminant de notre parcours où l’on arrive encore en avance. 
Olivier a des problèmes de douleurs de selle et de digestion (du coup il mettera deux cuissards l’un sur l’autre pour plus d’amorti). Comme la nuit va tomber, on met en place nos lampes. Les autres s’habillent plus chaudement mais pas moi, il fait encore 27 °C, trop peur d’avoir chaud et je fais bien, il fera encore très bon tard dans la nuit. On mange les sandwichs qu’on s’était préparé mais pas les pattes qui étaient prévues : Nicolas et Bernard n’ont pas eu le temps de les préparer, le van est tombé en panne, il s’est arrêté d’un seul avec tous les voyants au rouge, ils ont réussi à repartir mais il n’y avait plus d’huile ils ont dû en acheter… Le van refera de nombreux caprices par la suite mais heureusement tiendra jusqu’au bout quand même !
On repart après que Nicolas nous ait conseillé de ménager nos forces, il va falloir tenir jusqu’au bout et en effet le groupe va vite commencer à fatiguer. Catherine qui tirait tout le monde au début a maintenant du mal à suivre, comme moi plus tôt elle s’abrite pour reprendre des forces. Olivier, qui comme moi débute dans ce genre d’épreuves, à du mal aussi. On roule dans le nuit en pensant à la soupe qui nous attend à Champforgueil, ça va être le grand luxe on va pouvoir s’arrêter 25 min et manger quelque chose de chaud au milieu de la nuit.
Mais une grosse déception nous attends en arrivant : personne n’a pensé à prendre des allumettes ou un briquet, impossible d’allumer le réchaud, pas de soupe ni de café ! Je mange des pates froides (heureusement elles avaient été cuites à l’avance) et je m’habille car je sais que le lever du jour sera frais.

On repart pour la deuxième partie de la nuit, on roule au train, et si je ne me sens pas fatigué et j’ai des jambes je dois constamment lutter contre le sommeil qui m’envahit. Je me mets souvent devant parce que les changements de rythme et la fraîcheur de la nuit me maintiennent éveillé. On prend quelques gouttes mais c’est juste pour nous faire peur, c’est très court et ça ne mouille pas. Enfin, presque pour rompre la monotonie, on s’arrête à Villefranche-sur-Saône.

Crevaison…

On traverse Lyon vidée de ses habitants en cherchant la basilique perchée sur la colline de Fourvière. Mais en traversant le Rhône, Philippe crève sur un gros morceau de verre. Son pneu est coupé sur plusieurs centimètres, heureusement j’ai un tire boot et on peut réparer, mais l’on perd beaucoup de temps à cause d’une chambre à air qui a une valve trop courte pour une jante trop haute.

Peu avant le lever du jour on arrive à Ampuis après avoir roulé 425 km et il ne fait plus que 5 °C. Surprise nos suiveurs on trouvé un briquet prêté par un boulanger et on peut enfin boire du café ! Quel bonheur alors qu’il fait froid et l’envie de sommeil est toujours aussi présente. Deuxième surprise : un membre de l’Audax Club Parisien est là pour un contrôle, il est ravi de boire un café avec nous.

On repart avec le soleil qui se lève, c’est tellement agréable malgré la fraîcheur ! Mais nouveau problème pour moi : je commence à avoir mal au genou gauche, je n’en dit rien à mes compagnons que je ne veux pas inquiéter. Et qu’y faire de toutes façons ? Je ne veux pas finir en van maintenant alors qu’on a fait plus de la moitié ! Même si la douleur devient de plus en plus présente au fil des kilomètres je m’accroche.

À Valence on sait qu’on a fait 497 km, soit le minimum requis pour valider la flèche (on doit faire plus ou moins 20 % des 620 km annoncés). Mais il faut rester motiver, pour tenir notre objectif. C’est dur, très dur, j’ai mal au genou (je découvrirais plus tard que ma cale gauche avait bougée et était de travers), je veux dormir, mes compagnons ne valent pas beaucoup mieux que moi.

En Ardèche on rencontre un cycliste très sympathique qui fait un bout de chemin avec nous, il nous notre en passant la statue de Johny Hallyday à Viviers. Il a la pêche lui, il nous apprends qu’il a fait le Paris-Brest-Paris en seulement 56 h…

On roule sur la nationale 7, voie hostiles aux vélo si l’en est, surtout ce samedi matin ou toutes les voitures semblent s’être donné rendez-vous.

Certains parlent de faire une grosse pause, de s’arrêter une fois la barre des 600 km franchise, mais heureusement Catherine veut rien savoir, c’est une guerrière, elle nous pousse, elle nous tire mais elle veut qu’on atteigne notre objectif de 620, il nous reste peu de temps, mais c’est possible.

Deuxième crevaison

Manque de chance c’est au tour de Carlos de crever, mais il est d’une efficacité redoutable pour réparer, même après plus de 22 h de vélo ! J’en profite pour faire une micro sieste de 2 minutes !

On repart, mine de rien on s’est reposé, on retrouve des routes plus clémentes, Carlos et Catherine nous tirent. On rate un virage à Orange mais c’est pas grave, on ne va quand même pas faire demi-tour ! On passe par le centre au lieu de le contourner.

On roule, on roule, il est bientôt 14 h et l’on retrouve des forces cachée on ne sait où et l’on se paie le luxe d’accélérer ! On passe Avignon, apercevant le palais des papes perché sur son rocher.

On roule, on roule, il est 14 h, on a passé les 620 km à Villeneuve-lès-Avignon, 4 km plus tôt, on est heureux, on l’a fait !

6 réflexions sur « Première Flèche Vélocio »

  1. Je n’ai pas les mots pour te féliciter, toi est toute l’équipe, franchement un très grand respect…
    👍👍👏👏👏👏👏👏💪

  2. Quelle épreuve , elle n’a rien d’une  » Van  » . Il faut être un peu fou mais c’est ce qui en fait l’intérêt . Par moment , certains passages de ton récit me rappellent mon PBP , donc de forts souvenirs . Bel esprit d’équipe .
    Bravo , Chapeau , Super !!!

  3. Quelle aventure ! C’est inimaginable ce que vous avez fait. Il faut avoir un sacré bon mental et une excellente forme pour accomplir un tel exploit. Tu l’as fait, avec cette équipe de personnes solidaires et généreuses, et ça restera un superbe souvenir. Félicitation, Monsieur JB ;p)
    Chapeau bas.

  4. Jean-Baptiste, quand Michel nous a envoyé un lien vers ton site et que j’ai vu que vous aviez fait plus de 350 km à plus de 29 de moyenne j’ai eu du mal à y croire! Mais 620km en 24h !!!
    WHOOH!

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