BRM 200 — Sur les pas de Raboliot

Du VCN, nous étions 10. Ou plutôt 11. Il y avait dans le désordre Robin, Jean-Michel, Frédéric, Jean-Baptiste Michel, Sophie, Loné Nicolas et 2 de nos épouses, Brigitte et Isabel, puis aussi Etienne, qui nous rejoint le lendemain. 11 le compte est bon. 

Partis depuis Jeudi, ou samedi pour la majorité, c’est à La-Ferté-St-Aubin que nous avons établi notre camp de base, hébergés par notre président. Altitude zéro, confort maximum et localisation parfaite au sud d’Orléans à 30 minutes du départ de ce brevet des randonneurs mondiaux de 200 km alias BRM 200.

Accueillis par nos hôtes pour le déjeuner c’est avec une bière locale blonde d’abbaye – la Pucelle d’Orléans-, que nous avons sagement démarré notre préparation. Puis une fois terminé le déjeuner, 50% de la fine équipe préfère converser de choses et d’autres c’est à dire de vélos et de vélos pendant que le restant travaille la tactique du lendemain autour d’une partie de Flamme Rouge. Jeu de société autour du vélo avec des vélos.  Il faut ce qu’il faut,  rien n’est illusoire quand on doit préparer un BRM 200. Chacun sa méthode. Flamme Rouge, une jolie découverte. Robin a gagné en se la jouant « au facteur ». Bravo !

Puis pour faire tourner les jambes et quitter la position assise cette belle équipe était conviée à un cluedo original au château de la Ferté. A 1 km de la maison, à pied, bonne petite balade digestive pour nous préparer les neurones. Un cluedo c’est stressant mais vivifiant pour l’esprit et 2 heures plus tard l’énigme résolue (personne n’avait trouvé la même solution…) au bercail rentrer, il fallait.

Dîner de pâtes et de pâtes. Peu d’alcools. Révision cartographique. Derniers paris sur la météo.  Mise en place du timing. Au dodo les enfants.  Demain levé aux environs de  5 h 00 car le départ là-bas à Fleury-les-Aubrais dimanche matin sera sifflé à 7h30.

175 participants. 49 en gravel dont Jean-Baptiste et 126 sur la route… Luminosité parfaite, temps sec et frais, conditions idéales, ça y est nous sommes en route. La barre des 200 km est  vite derrière nous… l’itinéraire prévoyant 205 km. Première barre psychologique franchie sans coup férir. 

Le VCN roule ensemble,  soudé,  groupé pendant 50 km. Le parcours est très bien. Varié même s’il est plat comme un œuf et tranquille comme tout. Nous partons sud-est c’est-à-dire vent légèrement sur le côté et peu gênant. La lumière est belle, à contre-jour et même si le ciel se grise, de beaux rayons de soleil nous accompagnent à travers plaines, rus et bosquets. La Sologne n’est pas loin, nous sommes sur les traces de Raboliot… En file indienne , ou 2 par 2, quelques cyclos se joignent à nous. Il y a peu de monde ; rien à voir avec un Classic Challenge ou une cyclo parisienne, nous sommes vraiment seuls au monde en ce paisible dimanche matin de mars. 

La région d’Orléans c’est aussi la Loire. Large, majestueuse et profonde, nous la longeons après une trentaine de kilomètres. Soit sur une route de campagne soit sur ces digues si caractéristiques de la Loire, protégeant champs et maisons des crues de la Loire. Le rythme est bon, le groupe toujours serré et bientôt une bande de Gravel nous rejoint avec Jean-Baptiste. Nous ferons ensemble le reste de la route jusqu’au prochain Check Point de Sully-sur-Loire. Première halte devant le brillant château de Sully et ses douves. Jean-Baptiste et les Gravel, sans doute ayant peur d’arriver après l’horaire max (20h), se reposent 2 secondes et repartent vers leur circuit de pierres, de terres, d’eaux, et de sentiers forestiers. Atmosphère Gravel…

Passé Sully c’est une autre paire de manches qui s’annonce. Cap sud-ouest c’est-à-dire juste pour prendre de plein front le vent. Les rafales de 50 km/h sont là et notre petit groupe se coupe en deux. Chacun va au gré de ses envies, Sophie, Michel et Étienne d’une part, Frédéric, Jean-Michel Robin Loné et moi-même d’autre part. Le paysage change, l’itinéraire traverse de belles forêts de chênes et navigue autour de tranquilles lacs. Quelques hérons isolés nous ignorent. Et pour parer au vent nous nous mettons à rouler en relais pendant de longs kilomètres. Sans trop forcer le rythme, efficacement, mais histoire de bien tourner ; et la Ferté-St-Aubin arrive. Check Point 3 directement. Car le CP 2, lieu-dit du chêne à la Caillat, on l’a traversé sans se retourner. La forme était là, manger des kilomètres était notre point de vue du moment, pas d’arrêt, tant pis on continue… Vitesse moyenne jusqu’alors 27,2 km/h, c’est pas encore 30 mais cela permet de faire rapidement des kilomètres, et avec plaisir. Il faut dire que côté dénivelé c’est superbe, peu de longues descentes grisantes certes, mais pas non plus de côtes raides et destructrices. On aime !

 

 

La Ferté-St-Aubin, donc. CP3 de luxe. Chez nos hôtes. Km 95. Pâtes, taboulé, jambons, bananes, que du bonheur. Pause de 20, 25 minutes, le temps passe vite dans ces instants-là et au sortir de la maison arrive le reste du VCN, Michel Sophie Etienne. Robin en profite pour dire qu’il va changer de peloton pour l’après-midi, et reste se reposer un peu plus. Nous repartons à 4. Le soleil nous a dit au revoir. Le ciel est nuageux. Bruine. Nous revêtons nos tenues de pluie. Qu’on enlèvera, puis remettra, puis enlèvera et remettra définitivement au km 119, c’est-à-dire au CP4 tristounet mais sympathique château de Villebourgeon isolé près d’un lac tout tranquille. Selfie souvenir, faisant preuve de passage in case of…et au boulot !

Au boulot d’autant plus que l’on roule maintenant plein ouest, puis nord-ouest et enfin sud-ouest vers Chambord. Quelques moments compliqués car le vent se renforce et le temps change. Puis petit à petit les tourelles et cheminées de Chambord se dévoilent sur notre flanc droit. Fines, longilignes et cachées pendant quelque temps puis toutes entières, grandioses lorsqu’on se gare à leurs pieds. Chambord, nous y sommes. CP5 . Km 149. Photos souvenirs. Gels et barres énergétiques. Pensées émues pour le grand Léonard et François son ami. Un peu d’architecture. Chambord plaît ou ne plaît pas mais Chambord… et la pluie commence légèrement ; c’est le moment de repartir nord-est c’est-à-dire avec ce qu’on attend depuis le début, le vent dans le dos. Nous quittons le vaste parc de Chambord en laissant sur notre droite cette cabane de chasse que connaissent bien les amateurs du feu Versailles-Chambord.

 

 

 

 

 

 

 

Puis nous regagnons les bords de Loire. A partir de là il n’y a plus de CP. Mais il y a la pluie qui par moments nous fera avaler la boue projetée par celui qu’on suit et nous fera manger de la terre accumulée sur l’embout de nos bidons, bref un moment Gravel Like ?

Mais le plaisir est toujours entier. La Loire superbe depuis ces berges. Et nous commençons à rouler de nouveau avec certains groupes de cyclos qui sans doute à cause des kilomètres accumulés perdent un peu de cadence. Et finalement sans prévenir, nous pénétrons dans Orléans. Et c’est là que Jean-Baptiste nous rejoint. Hasard de ces parcours qui font que de grands esprits se croisent et se décroisent dirons-nous.

Il est 16h45. Nous sommes arrivés.

L’organisation est parfaite. Collation. Douches pour les destriers et les chevaliers. Médaille du bonheur.

Un BRM 200 in the pocket.

A refaire sans aucune hésitation ! En Gravel peut-être ?

Les stats: https://www.strava.com/activities/3166230939

 

 

 

 

 

 

 

Le Marais Blanc

Arrivés la veille pour ce brevet 200 km du Marais Blanc  on aura entendu la pluie tomber toute la nuit, mais heureusement ça s’arrêtera juste avant le départ à 7h.

Je pars dans le peloton de tête emmené par Xavier Pesnel (vainqueur de la Three Peaks 2019), tout de suite ça roule fort et il ne vaut mieux pas perdre trop de temps dans le virages pour ne pas s’épuiser en relances.

Alors que le soleil se lève on découvre un paysage magnifique de routes entourées d’eau à perte de vue, mais pas facile de prendre des photos à ce rythme ; on roule souvent à 35 km et on avale la boue de ceux qui nous précèdent. La vitesse est grisante et on n’a pas envie de lâcher, quand bien même il faut prendre un chemin de terre vraiment typé gravel et où je suis content d’avoir des pneus de 32 mm ! Stéphane Gibon l’organisateur avait prévenu : venez avec des gros pneus renforcés sur ce BRM « route »ou plutôt « roots ».

Au bout de 75 km on s’autorise une courte pause mais on repart très vite.

Un peu plus loin alors qu’on ralentit un peu parce que la route est sinueuse, je vois une magnifique cigogne dans son nid et je décide de m’arrêter pour prendre une photo, même si je sais que je vais devoir me cramer un peu pour remonter sur le peloton ensuite.

Quand je repars je revois assez vite les autres devant, mais après quelques virages et carrefours plus personne. Au bout d’un certain temps je suis sûr que quelque chose ne va pas et je prends le temps de m’arrêter pour consulter la feuille de route et je réalise que je ne suis pas du tout où il faut : sur mon GPS j’avais chargé l’itinéraire de 2019 ! Et moi qui avais maudit Garmin qui m’avait fait des erreurs de parcours et des re-calculs d’itinéraire incompréhensibles toute la matinée ! À l’aide de Komoot je change pour la bonne route et je fais demi tour pour revenir sur le parcours 2020. Au final j’ai définitivement perdu le peloton je me suis rajouté 14 km bien bosselés par rapport au reste du parcours… Mais ce n’est pas grave l’essentiel c’est que je fasse au moins 200 km aujourd’hui pour valider mon Dodécaudax de février !



Un peu plus loin alors que je prends une photo je suis rattrapé par KArine et Thierry qui eux aussi ont lâché le peloton, on repart ensemble et lors d’une pause casse-croûte à Isigny-sur-Mer on en retrouve un troisième.
Les paysages sont toujours aussi beau et maintenant le soleil montre son nez. Les traversées de routes inondées sont très ludiques.

Sur les 50 derniers kilomètres je perds les autres et je double deux cyclistes qui décident de prendre ma roue. On commence à faire des relais et on oublie la fatigue des kilomètres précédents. Quand on se retrouvera à l’arrivée et ils n’avoueront que, quand je me suis arrêté pour une pause photo tandis qu’ils continuaient, ils ont pensé la même chose que moi : ouf, on va enfin pouvoir se reposer !

Un peu loin je retrouve Ayoub qui a coupé un peu pour avoir plus de temps pour se livrer à son activité favorite après le vélo : filmer avec son drone. Je m’arrête pendant qu’il remballe et on repart ensemble, même si on serait bien resté un peu plus longtemps dans cette endroit magique : un petite église de granit au bord de l’eau et le soleil sur nos visages.

Mais visiblement mon ami cinéaste n’est pas fatigué et il me le fais savoir ! Je peine à suivre son rythme. Un peu plus loin un tracteur qui nous bloque la route me permettra de me reposer un peu 😉

Enfin on arrive à Montebourg et on franchit les dernières centaines de mètres qui nous séparent d’un ravitaillement copieux fait de crêpes maison, pâté, bière et camembert de Normandie, AOP bien sûr !

Photos et Récit : Jean-Baptiste Catté

Pour aller plus loin:

Cérémonie du souvenir – Clairière de l’armistice à Rethondes

Rapide résumé de cette Randonnée du Souvenir de ce lundi 11.

 

Départ 6h00 de Neuilly.

Retrouvailles avec Sophie, le groupe Singer et Michel, puis Hervé, à la place Pleyel où Hervé y arrive piano piano (sic!).

 

Temps sec et frais, il fait noir mais grâce aux feux (tous verts avec Singer) on sort de Paris pour s’arrêter rapidement au bout de 35 minutes pour notre 1ère crevaison. Il y en aura 5 au total mais Olivier répare ça en 5 minutes chrono. Record à battre! Est-ce dû à leur marque de pneus ‘Grand Bois’? Sans doute car avec nos Continental plus rigides le test est à faire! Mais pas aujourd’hui…

 

Puis ça défile, ça roule, ça fonce. On longe l’autoroute A1, on croise des avions qui décollent, des voitures qui vont vers Paris, bref, chacun son rythme. Le peloton s’étiole quelque peu.

Heureusement 1ère pause 35 km plus loin à Vémars où  tout le monde se regroupe car quelques autres Singer nous y attendent. Regonflage d’un pneu et en route. Il fait maintenant jour. Pleine campagne. Personne ne vient déranger notre rythme de croisière sauf quelques crevaisons par ci par là jusqu’à la 5ème au temple romain qu’on n’aura pas le temps de visiter hélas car la cérémonie est à 11h00. Fonce Alphonse!

Foncer oui! Mais ne pas perdre nos habitudes avec les 30 minutes de café réglementaire au bar restaurant Le Goujon de Verberie.  70 km. Il en reste une petite trentaine, ça va le faire.

 

La pluie se joint à nous désormais. Pluie fine peu gênante et qui nous accompagnera dans la forêt de Compiègne, et durant la cérémonie où nous rejoint Christophe qui habite dans la région. Après un court discours et une Marseillaise bien chantée c’est le moment de se séparer. Les Singer rentrent à vélo via déjeuner au Goujon; pour nous Train direct 12h30.

Très belle sortie. A faire au moins une fois. Cela permet de redécouvrir ce moment d’histoire. De partager un circuit avec nos amis de Singer, de connaitre Olivier, fort caractère du magasin Singer de Levallois.

 

A 14h00 pile nous étions à la maison.

Top!

 

Quelques moments de cette sortie ici : https://www.youtube.com/watch?v=-W2O4Z7HnBc

 

Nicolas HONORE

L’Étape du Tour 2019. 21 juillet 2019.

Albertville – Val Thorens, 135 km, 4500 m de dénivelé.

Le vélo c’est beau. 

Surtout dans les campagnes. Tu flânes à travers des paysages toujours différents grâce aux saisons. Tu avales des kilomètres en glissant le long de rivières, parmi des forêts tranquilles vertes et ombragées, rafraîchissantes et apaisantes. Tu profites de la nature, et de sa tranquillité « au vert ». Tu avances à ta propre vitesse. A celle que tu as décidée. Certes, vitesse réduite dès que cela monte, et accélérée, sans douleur, dès le moindre pourcentage négatif, mais à ta propre allure. C’est toi qui décide. Personne d’autre. Plaisir total. Oui le vélo ça doit être et doit rester un plaisir total. 

Alors pourquoi aller faire le zouave sur l’étape du Tour ? La même que celle des pros qui vont l’emprunter samedi 27 juillet, avant-dernier jour du tour 2019.

Résumé de ce dimanche 21 juillet 2019 pour essayer d’y répondre… 

Dimanche 4 h 15 : le réveil sonne.
Argh, où suis-je ? Normal, on loge aux Saisies à 30 km d’Albertville (car 16.000 participants donc très peu de logements disponibles pour 4 personnes lors de notre inscription en octobre dernier) et les routes seront coupées à la circulation à partir de 6h30. Il faudra donc être prêt et sur place avant 6h30. Comptez 30 minutes pour quitter le nid tout frais + 30 minutes de petit déjeuner bien complet + 40 minutes de voiture + 15 minutes pour décharger les vélos et se mettre en condition = on sera juste bien on time dans nos sas de départ.
Note : après s’être réveillé la veille à 5 h 30 pour faire Paris – Les Alpes un samedi de juillet, ce second réveil encore plus tôt, fait mal…

6 h 05 : Voiture garée le long de la route.
Nous sommes partis à 5 h 30 des Saisies. Garée à côté de nous, une voiture de 4 bretons venus pour la même raison partagent ce moment de révision ultime. Partage d’impression. Le WD40 c’est efficace ? oui non… Nous sommes à 3 km d’Albertville. Un gendarme arrive et se positionne pour couper la route à 6 h 30. On sort les vélos. On monte les roues, les selles, le bonhomme, on vérifie que le dossard est bien dans le dos, la plaque nominative sur le vélo, le profil de l’étape scotché sur la barre du vélo (très très utile pour doser son effort), photo souvenir et hop on quitte Isabel qui va remonter aux Saisies pour dormir.
Nous arrivons à Albertville 5 minutes plus tard. La ville est déjà réveillée. Des cyclistes de partout. Des spectateurs. La télé interview quelques participants. Des barrières pour privatiser tout le circuit. Et 15 Sas, 15 enclos, nous attendent pour nous parquer. 1 sas = 1000 personnes… 
Nous sommes dans le sas 10. Fermeture du sas 8 h 00. Départ 8 h 15. Tout est très précis. Il est maintenant 6 h 45, on a le temps de découvrir notre sas. De nous faire contrôler le dossard, de rentrer et de s’asseoir par terre. Il fait déjà très bon. On patiente. On entend parler anglais, espagnol, italien, allemand, hollandais. Tout est très calme. On s’endormirait presque… logique, cela fait déjà 2 heures qu’on est réveillé…

7 h 45 : Le sas s’ouvre.
Chacun s’ébouriffe. On se lève, redresse le vélo. Chacun progresse d’abord à pied, puis un pied sur une pédale, puis les deux attachés vers la ligne de départ. On entend les clics de chaque pédale automatique. Puis on s’arrête à nouveau. Et on repart pour s’arrêter finalement devant la ligne de départ officielle. Musique rock à fond. La flamme olympique des Jeux d’Albertville est même allumée pour l’occasion… les petits plats dans les grands. Tout y est ! On se sent en forme et près à gravir des montagnes ! VO2 au max du max !

8 h 14 : Ligne de départ.
On a même un discours à l’américaine, très « we are the champions », d’abord en français puis en anglais pour nous rappeler qu’on va vivre une épreuve de fous mais qu’au bout de la douleur et patati patata… 10, 9, 8, 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1 et 8 h 15 c’est parti ! Sous une musique de fous, des applaudissements dignes d’un 4 juillet à New-York et des fanions jaune et noirs en pagaille. C’est la fête du vélo…

8 h 15 : km 0.
Go ! 3 km de plat pour sortir d’Albertville puis c’est la première ascension, direction le Cormet de Roselend c’est à dire à 40 km de là. 40 km d’ascension à des pentes plus ou moins variables. La route est large et lisse. De plus elle est interdite à la circulation donc on peut rouler tous de front – et un paquet de 1.000 coureurs en même temps ça fait du monde – sans aucun problème. Température agréable. Pente moyenne faible. Facile et 21 km plus loin le 1er ravitaillement est déjà là. On a presque envie de le sauter, mais boire et s’alimenter, c’est primordial pour compenser les 8.000 ? 10.000 ? 12.000 ? calories qu’on va perdre. Donc pause. 5 minutes.
Il est 9 h 10. Une petite photo de mon GPS pour mes stats. En avance sur mon planning (9 h 15), trop facile le vélo. Je repars 10 minutes plus tard après un ravitaillement et remplissage de bidon. Il fait 26 degrés déjà, attention à l’alimentation… ne pas oublier !

9 h 20 : km 21. Beaufort et départ vers le Cormet de Roselend.
Le pays du Beaufort ? oui oui du fromage si connu c’est bien par ici. J’en connais qui seraient ravis de faire une pause plus longue pour déguster mais on n’a pas trop la tête à ça. Promis on reviendra demain en acheter mais là pas de gras, surtout pas !
Prochaine étape ce fameux Cormet de Roselend. Je ne connais pas du tout ce col. C’est que ça doit pas être si difficile. Et surtout c’est superbe. Une file incessante de vélos circule de front sur la route des alpages. Le lac de Roselend est couleur turquoise. L’endroit invite au repos, au pique-nique et au farniente. Hélas nous sommes là pour autre chose, « ValTo » nous attend. Pousse sur tes jambes petit bonhomme, pousse! 

11 h 10 : km 42. Cormet de Roselend.
Ouf il est là. Le Cormet de Roselend. Photo souvenir typique du sommet. 1968 m ça commence à faire… mais l’avantage c’est que la température n’a pas monté, on est resté à 26 degrés. 42 km effectués. 1650 m de dénivelé. 1/3 déjà accompli. Il fait beau, la montagne est superbe, je suis plutôt bien. Je ne suis jamais entré dans ma zone 5, zone anaérobique, depuis le départ. Et très peu en zone 4, au seuil. J’ai donc plein de réserves. Le vélo bis repetita c’est beau !

Le col dépassé, la descente vers Bourg-St-Maurice est superbe. Sur 20 km. Avec la route privatisée on peut prévoir de larges entrées de virages. Certains savent descendre et cela se voit. Je me fais doubler par une fille qui est aplatie sur son vélo. Superbe à voir ; elle arrive derrière et me souffle littéralement. J’arriverai quand même en bas avec elle, aidé par mon poids qui dès que la pente s’adoucie me fait gagner du terrain tout seul. 20 km de réel plaisir et merci aux freins à disque dans les épingles. Efficaces !

km 61. Bourg St Maurice. Ravito. 
Le ravitaillement est bien situé ; large place. Et on a droit à du pain complet, du fromage, du jambon de pays en plus des traditionnels gels, gâteaux et fruits secs. Et vue l’heure, l’appétit est là. Tout semble bon. Je prends une bonne pause pour repartir rassasié et en forme.
Une dizaine de kms à faire en fond de vallée. Avec un petit groupe on avance sans forcer. Nous glissons sur de belles routes et gagnons au km 75 le bas de la Côte de Longefoy. 
6 km d’ascension en fôret. Pente moyenne 6,8 %. Ca pique parfois pas mal avec de nombreuses portions à 8 et 9 %. On puise dans les réserves. Surtout que la température monte monte… Les premiers coureurs pied à terre font leur apparition…

km 81. Sommet de la côte de Longefoy. 1.200 m.
De nombreux spectateurs présents pour cette journée ou déjà là en prévision de l’étape des pros, la vraie du 27 juillet nous applaudissent et nous encouragent. C’est bienvenu et je reçois quelques encouragements en espagnol. Je comprendrai pourquoi à la fin seulement car mon dossard est imprimé avec un drapeau ibérique. No se porque… Mais ces « Vamos Nicolas, vamos » ou autre « courage, vous allez y arrivez », « bravo allez » font du bien.
De même que certains habitants qui ont sorti un tuyau d’arrosage pour nous asperger au passage. Cela donne un coup de fouet saisissant mais bienvenu. Tout comme les gouttes d’eau fraîche qui traversent ensuite le casque sur quelques minutes encore. Un peu de douceur… 

14 h 01 : km 101. Moutiers.
Je suis enfin à Moutiers. Il y a un monde fou au ravitaillement qui est mal placé, mal aéré et sans ombre. De nombreux coureurs sont assis par terre; tous rouges. Il fait très chaud ici au fond de la vallée. Je bois une bouteille entière de Badoit et un verre de Coca. Pas plus de Coca car l’an passé lors de la Marmotte le Coca m’avait tué dans l’Alpe d’Huez. Depuis ce temps-là j’appréhende ce soda en route.

Coté météo ça se corse. 36 degrés à midi au soleil. Aie. La montée va être dure mais ô joie, il ne me reste plus que 34 kms à faire. Cela fait 6 heures que je roule. D’ici mettons 3 heures je devrais avoir fini. Cela ferait mettons 17h30. C’est top, largement devant la voiture balai et la disqualification qu’on craint tous. J’en profite pour appeler Isabel et lui dire que c’est dur mais tout va bien, rendez-vous à tout à l’heure vers 18 h à Val Thorens…

Mais le départ de Moutiers est trop raide. On sort de la route principale pour bifurquer sur la droite et on entame tout de suite du dur à 8 %. Glups. Je me rassure en me rappelant que l’Alpe d’Huez commençait par un raidillon de 500 m à 11 % mais quand même. Je peine. De plus en plus. L’effort et la chaleur me font transpirer énormément ; mes bras deviennent blancs de sueur perlée sur les bras. Étonnant moment. Sensation bizarre. Je décide de m’arrêter. Je dépose ma tête sur mon guidon pour souffler. Et j’entends mon nom hélé par une voix que je reconnais tout de suite. Serge des Pyrénées est là. Frais comme un gardon. Puis Katia arrive. Fatiguée mais semble plutôt en forme. Ils me proposent de repartir avec eux. Impossible car je n’ai plus de rythme et quelques minutes plus tard il sont déjà loin devant, je ne les vois même pas s’éloigner.

Sur le chemin chaque kilomètre est précédé d’un panneau aux couleurs jaune et noire du Tour de France indiquant la pente moyenne à venir. Très classique en montagne et bien connu des cyclistes des Alpes, Pyrénées, etc. En plus ici c’est étalonné spécifiquement pour cette étape. Top ! Dans ma tête j’avais retenu que c’était en moyenne 35 km à 5 ou 6 %. Pour mon mental je m’étais dis que cela signifie 5 à 6 % de pente minimale. Ca aide à passer le cap. Mais en fait dès le départ ils annoncent 8 % de pente. Et 3 fois de suite, 8 %. Big coup au moral. j’ai beau avaler un « block cube » énergétique par heure ça se complique. Et cette chaleur qui monte monte jusque 40 degrés est épuisante malgré la route serpentant la montagne souvent ombragée.

Je continue et je ne sais pas comment, avec un cerveau vidé, le regard fixé sur mon GPS et les mètres qui n’avancent pas, j’arrive explosé, à St-Martin.

Quelle heure ? km 117 : St-Martin-de-Belleville.
2 jours plus tard je n’en ai plus aucun souvenirs. Ca ressemblait à quoi St-Martin? Aucune idée. Et le ravitaillement, il était comment ? J’essaie de me souvenir et il faut me forcer car oui ça me revient je me revoie sur un parking, une place goudronnée, assis par terre adossé à une poubelle de ville pour essayer d’avoir un peu d’ombre sur 50 cm d’espace « ombragé ». Oui c’est bien ça. Au pied de la poubelle avec une bouteille de Badoit que je n’arrive pas à boire tellement je suis à sec. Puis d’un seul coup j’entends annoncer que la voiture balai c’est dans 15 minutes. Je me dit tant mieux no choice pas de ma faute j’abandonne. Je n’ai plus de forces du tout. Et il me reste 17 km… À 6 km/h je vais encore mettre 2 h 30 ?! tout ça pour me faire débarquer par la voiture balai ? Mais je me dis que je dois y arriver, faut pas déconner m… ! J’essaie de me motiver en me disant que maintenant c’est uniquement dans la tête. Mon cœur est calme donc pas d’alerte. Je n’ai plus de jambes hé bien tant pis je roulerai en 34 / 32 s’il le faut. Et je me relève, je décroche mon vélo, je titube avant de monter dessus, j’entends d’autres coureurs dire que c’est foutu avec cette voiture balai et là, ça me motive encore plus. Et je repars. Dans le dur direct. Et ouf la température n’est plus que de 36 degrés. Ca commence à baisser, je me dis que ça ne peut aller que de mieux en mieux. J’aurai peut-être même froid en arrivant là-haut (Val Thorens est à 2400 m).
Avant de repartir j’y pense mais je n’ai même plus la force de prendre la photo de mon Garmin. Mes stats c’est foutu. Faudrait que je prenne la photo. Pas la force. 

Quelle heure ? km 123. Arrivée aux Menuires. 
Je n’avance plus. Compteur bloqué sur 6 km/h. Je ne double que des coureurs à pied, en chaussettes, vélo à la main ou qui sont arrêtés sur le bas-côté de la route, assis ou couchés. Hormis ceux-là, tout le monde me double. Mais qu’est ce que j’ai? Je n’ai pas mal aux jambes, pas de crampes, le cœur tourne régulier mais je n’arrive pas à appuyer sur les pédales. La bouche est sèche et l’eau que je bois régulièrement ne change rien. Je me force à manger. En vain. C’est désespérant. En traversant les Menuires je me dis que s’il y a un bar quelque part je m’arrêterai. Ca aidera peut-être à récupérer un je-ne-sais-quoi. Ca y est. Un petit bar sur le parcours. Petite terrasse. On s’y sentirait presque bien. Je pose le vélo ; un autre cycliste est là aussi, il raconte qu’il a fini et qu’il est redescendu pour se changer ici aux Ménuires. Sa femme est là aussi. C’est cool. Étape finie, réussie et moi il me reste encore combien de kms ??? Coup au moral ! Bon, pas grave, 2,50 euros pour un Orangina que je déguste, que je sirote avec un plaisir sincère. Jamais j’aurais crû qu’un Orangina pouvait être si bon…
Mais le temps passe vite. Je me suis arrêté quoi ? 10 minutes ? 15 ? Je perds du temps là. Allez en selle Marcel ! Pour 12 longs kms encore.

km 135 : ValTo. La délivrance.
Le panneau 3 km est devant mes yeux. Sortie de nulle part la plaque Val Thorens je la vois enfin. Il ne me reste plus rien à faire. Cela me redonne quelques forces mais il faut traverser tout Val Thorens, sortir sur les pistes de ski et les 500 derniers mètres sont horribles. 10 % 11 % debout sur les pédales, assis, en danseuse, assis, en danseuse j’avance. Les spectateurs nous encouragent. La musique de l’arrivée est là. Le speaker annonce que voilà d’autres finishers sur la ligne.
J’ai du mal à sourire mais j’y suis enfin. Tapis jaune pour les derniers 100 m. Le chrono affiche un truc affreux 11 h 11, 11 heures 11 minutes…

Quel idiot disait que le vélo c’est beau ?

Mais j’ai réussi. Ce ne fut pas du tout un plaisir sur ces 35 derniers km. Je n’ai plus envie de recommencer. Ecœuré je pars prendre une bière. Ca me remet en selle. J’appelle Isabel et Jean-Jacques. Et je remonte le vélo pour aller les rejoindre 5 km plus bas. C’est fini.
Bravo aux pros qui feront cela en 5 heures ? Le 1er ce jour-là a fini en 4 h 44. Chapeau bas !

Nicolas 


Analyse technique de ma course :
Un truc effarant et qui m’a sauté aux yeux : Je fais 100 km , 3000 m d’ascension, en 6 heures. Vitesse moyenne = 19.1 km/h. Pas trop de problèmes. Easy.
Puis les derniers 35 km, 1500 m en 5 heures. Vitesse moyenne = 7 km/h.
Effarant ! 

Autre chose pas normale: une fois arrivé je n’avais pas faim du tout. Juste envie d’une bière – ce que j’ai fait – puis 30 minutes plus tard je redescendais vers le bas de Val Thorens pour rejoindre Isabel et Jean-Jacques en ayant plutôt bien récupéré. La nuit pas de crampes. Le lendemain aucune douleur dans les jambes.
Ma conclusion : 1) alimentation mal ciblée, manque de protéines pour maintenir les muscles à niveau et 2) pauses trop courtes donc je n’ai jamais récupéré, je n’ai fait que de m’épuiser, m’épuiser tout au long de la cyclo. 

Autres pistes : 
Le timing. Levé la veille à 5h30 pour faire 8 heures de voiture. Pas de vélo pour faire tourner les jambes la veille et levé encore pus tôt le jour J à 4h30. Pas optimal du tout. 
La météo. Chaleur. Mais a priori j’y suis peu sensible et je préfère cela à du vent et de la pluie froide. 

Conclusion : alimentation + récupération à travailler + timing des jours précédents. 
Faut que je travaille cela désormais car dans ces conditions le vélo c’est pas cool du tout. 

PS : Les stats: 
Video d’ambiance: https://www.youtube.com/watch?v=G4lVAz5u5Ao&feature=youtu.be 
Strava https://www.strava.com/activities/2552264792 135 km, 9 h 20, 4200 m, 9784 Calories, vitesse moyenne 14,4 km/h, max 85 km/h, température moy 26°.
Relive : https://www.relive.cc/view/g37772941297 

Ma première compet’… à mon tour.

Bonjour à tous,

Pour ma première fois, plus la date D approchait, plus j’en appréhendais son déroulement. Est-ce que ça allait faire mal? Est ce que ce serait quand même du plaisir quelque part? Serait-ce un succès ou un échec? Car oui même si j’avais hâte de rentrer dans le vif du sujet je l’appréhendais depuis plusieurs mois cette première rencontre. Et c’est ce que me confirmera Christian mon coach en la matière lors du débriefing post course autour d’une excellente bière artisanale creusoise, appréhender stresser être tendu c’est tout à fait normal pour une première fois.

Donc j’étais inscrit sur une course FFC 2ème et 3ème catégorie dans le Limousin à Bord St Georges. 2ème ou 3ème catégorie, ne me demandez pas ce que cela signifie. Pour moi cela veut dire qu’on n’est pas dans les costauds de la Division 1. Plutôt rassurant. J’étais d’ailleurs allé faire le circuit en repérage à Noël avec Christian et Yves.  2 collègues qui roulent bien. L’un Christian président du club, forgé par la compétition depuis qu’il est petit, mon « coach », et l’autre, cyclo grimpeur très aéro -il me rappelle toujours mon idole de mes années d’école primaire, un certain Lucien Van Impe que j’adorais voir en montagne dans le Tour de France chaque été – malgré son âge de jeune retraité. Une boucle jamais plate de 5 kms environ en pleine campagne. Pas compliquée à voir comme ça et avec quelques lignes droites où l’on peut foncer foncer et même faire tout le circuit sur le grand plateau… seule l’arrivée après une raide courbe sur la gauche, en montée, était plutôt technique. Là il faudra savoir descendre d’une dent, appuyer fort, pour ne pas se faire distancer par les fauves qui vont à coup sûr y lâcher des watts.

Circuit en tête je suis confiant, pas la peine de le refaire la veille du D Day quand je reviendrai par ici. À Pâques.

Samedi soir, 3 mois plus tard, avant-veille de Pâques.

Je suis au distributeur de pizzas du village. Il est 19h et en attendant que la machine me délivre les deux 4 fromages commandées j’appelle Christian pour confirmer l’heure et demander quelques conseils. Discussion :

Départ à 15h00 donc sois là-bas à 14 heures pour prendre ton dossard faire quelques tours et te chauffer. Y a t’il quelques exercices spécifiques à faire ? Oui quand tu seras un peu chaud pousse à fond sur 50 m et fais le circuit plusieurs fois. Il faudra que tu sois bien chaud au départ. Est-ce que ça va partir vite ? Car mes collègues de Neuilly m’ont prévenu que ça partait très très vite. Rires à l’autre bout du smartphone. Oui tu vas voir certains ne sont pas là pour rigoler, oublie ça, et si tu peux, essaie de rester dans les vingt premiers et ça ira. Surtout ne te fais pas distancer. Au fait tu as roulé ces temps-ci ? Oui justement j’ai fait un 200 kms il y a 3 jours. Quoi ? Un 200 avant une course ? Je rougis au bout de la ligne… et combien de kms de voiture pour venir ici ensuite ? Heu 500 kms hier mais on est 2 pour conduire donc pas fatigué. Hum hum pas l’idéal ça pour ta préparation ; bon voilà ce que tu vas faire demain. Roule 10 kms pas plus. Sans forcer. Juste pour faire un petit travail de réveil musculaire. Et rentre. Ok ? Message reçu. On se voit lundi et prend bien deux bidons. Ok coach. Merci.

Dimanche matin. La veille.

Mon Strava affiche un circuit de 10 kms. C’est mon réveil musculaire comme demandé. Certains amis du Vcn me feront remarquer que 10 kms y’a un truc, c’est pas normal. T’es blessé ?

Lundi. Ma première fois donc.

12h45 je mets le vélo dans la voiture. J’ai vérifié le tout ce matin. Je l’ai allégé au maximum. Pas d’outillage. Pas de sacoche de selle. Pas de lumières. Pas de pompe. Juste mon Garmin préféré et 2 bidons. D’eau.

13h45 je suis garé en bas du village. Petite place. Quelques concurrents sont là. Chacun monte son vélo. Seul comme moi ma logistique préférée n’ayant pu venir pour une fois, ou avec leur famille. Chacun son team, son staff, son organisation. Pas un bruit c’est étrange ça me stress encore plus et je ne sais même pas où il faut aller pour le départ et le dossard. Je monte le vélo et m’habille à moitié emportant avec moi de l’argent et mon téléphone.

Pardon où est le bureau pour les inscriptions ? Une tablée d’amis à leur terrasse dans le village confortablement installés autour de bouteilles et d’une fin de repas m’envoie gentiment là-haut à 300 mètres. Ils sont prêts pour assister à la course. Un peu plus de stress pour moi…

Bureau des inscriptions. Je suis dans la file d’attente. Ils ont tous l’air de se connaître. Tous très jeunes et quelques moins jeunes comme moi. Ca discute résultats récents, classements, kilomètres parcourus, ambitions, oui encore un peu plus de stress donc… bonjour Monsieur. Honoré, Honoré Nicolas du CCME. Ok dossard 17. Vous avez votre licence ? Heu non. Comment non ? Bah j’ai un numéro mais pas de licence sur moi. Ni chez moi d’ailleurs. C’est ma première fois en fait. On peut pas vous inscrire alors. Hein ? Ha bah non regardez ici – je montre ma licence FFC sur internet-. Ça discute ça discute puis quelqu’un qui connaît Christian me dit allez c’est bon. Mais vous savez ici on vous prend mais ailleurs non. Il faut avoir votre licence Monsieur. Gloups. En fait je ne l’ai jamais reçue, il faudra que je regarde cela après coup. Et c’est vrai qu’autour de moi ils ont tous leur petite licence bleue et blanche sur eux… et encore du stress qui s’accumule malgré tout.

Un gros ouf en sortant du bureau quand même !

Et c’est pas tout car je dois aller me chauffer. J’en vois déjà plein. On est 55 à courir. Au fait le dossard comment on l’accroche ? Autour de moi ils ont tous des épingles à nourrice. Et moi j’ai rien bien sûr. Bon je vais devoir aller en chercher. Je rencontre le maire du village qui m’assure qu’il va en trouver. 2 minutes plus tard il ressort. Rien trouvé mon ami. Zut. Je vais alors à la rencontre d’une voiture qui entoure deux coureurs. Un des jeunes m’en donne 8 . 8? 2 ça suffit pas ? Fais comme tu veux. J’en prend donc 2 et je pars faire mon échauffement. Il est 14h15. Ça fait du bien de rouler. Je fais quelques accélérations. Je vois des sprints très poussés autour de moi. Sérieux tout ça. Bravo.

À un moment je repasse par la ligne d’arrivée et vois Christian qui est venu avec quelques personnes du club pour regarder la course. Christian m’inspecte me demande ce que j’ai fait. Parfait parfait sauf ce dossard. Tu passeras jamais au contrôle. Il faut que tu aies 4 épingles. Je repars voir le coureur qui m’en avait donné. Heu oui 2 autre stp. Pas de problèmes. Puis Christian m’accroche le dossard dans le dos. Derniers conseils. Reste dans le paquet. Essaie d’être devant avec les 20 premiers. Nous sommes 4 du club à courir. Il me présente les 3 autres. Moyenne d’âge 23 ans… stress quand tu me tiens… Christian leur explique que c’est ma première course et demandent à ce qu’ils me donnent quelques conseils plus tard. C’est ce qui se passera effectivement. Merci.

14h52 allez allez sur la ligne. Faufile- toi le plus près de la ligne. Deux personnes passent dans le peloton pour inspecter nos équipements nos dossards et je ne sais quoi. Ouf j’ai bien mon dossard à 4 épingles… un speaker annonce la course et donne le nom de chaque concurrent. J’entends mon nom. Ça fait bizarre. Enfin j’y suis. C’est agréable.

15h.

On est parti. Sur 50 mètres ça part tranquillement mais je me fais doubler en permanence. J’accélère de plus en plus mais je suis sur le petit plateau et je décroche au bout de 300 mètres. Je me retrouve dans les derniers alors qu’il y 10 secondes j’étais dans les premiers. C’est quoi ce truc. Un coureur derrière moi a l’air de s’en apercevoir et me pousse dans le dos pour me relancer et me dit de changer de plateau. Puis il passe devant et file. Je repars mais je suis le dernier du peloton. Incroyable. J’ai rien vu venir. Je suis le dernier et on a fait même pas 500 mètres. C’est quoi ce truc -oui je me répète mais j’étais éberlué sur mon vélo-. Étrange feeling que ce départ. Ça m’amuse mais ça ne devrait pas.

Je suis donc maintenant tout seul à essayer de recoller au peloton. À la moitié du 1er tour je suis déjà à plus de 180 pulsations… et en plus à cause de ces routes si rugueuses de la creuse, lors d’une bosse un de mes bidons saute et me voilà avec un seul bidon alors que j’ai encore toute la course à faire… argh… pas le courage de m’arrêter pour le récupérer sinon je perds encore plus de temps. En fait j’économiserai mon eau tout au long de la course, la bouche sèche comme du papier calque, et encore une erreur de stratégie. Christian me dira à la fin que j’aurais dû le lui dire et qu’il m’aurait fourni en eau lors d’un passage… le métier… le métier…

Je passe la ligne en fin de premier tour quelques instants plus tard … en dernier. J’ai honte de passer devant mon coach déjà distancé dès le début. Mais je suis à fond quand même. Il y a devant moi 2 coureurs à 150 mètres et je me mets en chasse. Je vais être ainsi pendant 3 tours sans jamais les rattraper. À fond quasiment. Christian me dira à l’arrivée que j’aurais dû taper dedans encore plus fort, me mettre sur le grand plateau plus souvent et me mettre minable, mort, bavant, dans le rouge, mais j’aurais dû les rattraper. Erreur de débutant… Autre erreur : quand j’étais distancé et que les premiers m’avaient mis déjà un tour dans la vue, j’aurais dû ralentir, attendre un groupe de poursuivants et me mettre à la traîne derrière eux – sans prendre de relais car je n’ai pas le droit- mais au moins arrêter l’hémorragie.

Car au final j’aurai roulé 99 % du temps en solo alors que tous les autres étaient en petits paquets. Antoine du club qui finira 20ème me dira à un moment viens, essaie de te mettre dans nos roues, mais je réussirai à le faire sur 500 m seulement. Incroyable le rythme qu’ils avaient tous. Pourtant je roulais à 34 de moyenne ce qui est déjà énorme pour moi.

À chaque tour je souffrais de plus en plus. Mais je restais à fond de ce que je pouvais.

À chaque passage intermédiaire de la ligne d’arrivée j’étais seul, précédé d’un sifflement d’annoncement d’un signaleur et j’étais heureux de filer sur la ligne sous des applaudissements plus d’encouragements que de félicitations, mais heureux. J’entendais parfois Christian m’encourager. C’était top.

Par deux fois les 5 puis 4 coureurs de tête me doubleront. Ils roulaient très serrés. À 4 sur 2 mètres carrés si je puis dire. Bien organisés, plutôt beaux à voir. Ça me donnait envie de repartir mais bon…

Puis lors de l’avant dernier tour j’aperçois devant moi un coureur qui semble se rapprocher.  What ? Je vais me le faire lui… je le rattrape et lui dis que je trouve cela très dur très rapide comme rythme. Il me dit oui ça va beaucoup trop vite j’abandonne. Ha bon ? Pas moi en tout cas mais je ne dis rien et petit à petit je le lâche. Il est en fait cuit de chez cuit et il sera le seul que je dépasserai de toute ma course… Maigre victoire mais je ne finirai pas dernier. Et c’est sourires aux lèvres que j’arrive. Enfin fini. On arrête les chronos, on sauvegarde immédiatement, on analysera dans un instant tout ça car pour le moment je suis mort mais c’était une superbe expérience.

Dès que j’arrive Christian vient me voir pour me demander mon avis. Je rigole en m’appuyant sur lui pour récupérer. Incroyablement rapide. Jamais vu ça. Il éclate de rires et me dit ha tu as voulu voir hé bien voilà. Et tu verras la prochaine fois ça ira beaucoup mieux. Il a l’air content de moi malgré tout d’autant plus que sur les 4 du club un des trois autres a abandonné mais pas moi et il m’a dit qu’il avait bien vu qu’à mon air, à mon style je n’abandonnerai jamais. Cela lui a bien plu et oui en dehors d’un pépin technique ou d’une chute, pour moi il était hors de question d’abandonner.

Pour les résultats officiels ce n’est pas brillant du tout… je finirai 49ème sur 55 et tous les autres derrière moi auront abandonné. Ma moyenne sera descendue à 31.4 km/h. Je suis un peu déçu, je visais plutôt 33. Puis en discutant avec le club à la fin ils m’apprendront que ceux qui ont fini dans les premiers courent aussi en première catégorie. Que cette course pour une première fois n’est vraiment pas la plus facile. Et que pour eux finir dans les 20 premiers étaient un objectif qu’ils n’ont même pas réussi à atteindre car le niveau était plutôt relevé. Vrai ? Faux ? En tout cas pour une première fois c’était une belle première fois. Du plaisir dans la souffrance ? Un peu de cela oui quelque part…

Une heure plus tard le dernier débriefing autour d’une bière aura lieu. Quelques derniers conseils de Christian pour tester ma forme avant une sortie en vélo. Un rapide examen du calendrier pour fixer la prochaine. Des notions d’entraînements plus ou moins prioritaires. Je me serai cru dans un film. C’était top. Pas le même plaisir qu’une sortie cyclo, pas la même difficulté qu’une cyclo sportive, mais un réel et sincère beau moment de vie. De vélo…

Les détails techniques : https://www.strava.com/activities/2310318358

64 kms, 2h02.23, 31.4 de moyenne, 724 m, 164 de pulsations moyennes, 189 Max.

Nicolas Honoré